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Vérités sur le soufisme
Section : La voie menant à Dieu

L’espérance

samedi 15 octobre 2005

Sheikh Ahmad Zarrûq — que Dieu, Exalté soit-Il, lui fasse miséricorde — définit l’espérance (ar-rajâ’) comme suit : « L’espérance c’est l’assurance de Sa Bonté — Exalté soit-Il — œuvres à l’appui en tout état de cause, faute de quoi ce serait de la présomption. » [1]

Dieu — Exalté soit-Il — nous incita à espérer et nous défendit de désespérer de Sa Miséricorde disant : « Dis : "Ô Mes serviteurs qui avez commis des excès à votre propre détriment, ne désespérez pas de la miséricorde d’Allâh. Car Allâh pardonne tous les péchés. Oui, c’est Lui le Pardonneur, le Très Miséricordieux. » [2] Le Très-Haut annonça également la bonne nouvelle de la largesse de Sa Miséricorde : « Et Ma miséricorde embrasse toute chose. » [3] Décrivant ceux qui espèrent en Sa Miséricorde, le Très-Haut dit aussi : « Certes, ceux qui ont cru, émigré et lutté dans le sentier d’Allâh, ceux-là espèrent la miséricorde d’Allâh. » [4]

Par ailleurs, de nombreux enseignements prophétiques incitent à espérer en la Miséricorde de Dieu. En voici une sélection :

Abû Hurayrah — que Dieu l’agrée — rapporta que le Messager de Dieu — paix et bénédictions sur lui — dit : « Par Celui Qui détient mon âme, si vous ne commettiez pas de péchés, Allâh vous ferait périr et vous remplacerait par des gens qui pêcheront puis demanderont pardon à Allâh, pardon qu’Il leur accordera. » [5]

Abû Mûsâ Al-Ashʿarî — que Dieu l’agrée — rapporta que le Prophète — paix et bénédictions sur lui — dit : « Le jour du jugement, certains musulmans se présenteront avec des péchés telles des montagnes qu’Allâh leur pardonnera, et qu’Il mettra à la charge des Juifs et des Chrétiens. » [5] [6]

Ibn ʿUmar — que Dieu l’agrée ainsi que son père — dit : J’ai entendu le Messager d’Allâh — paix et bénédictions sur lui — dire : « Le jour du jugement, on rapproche le croyant de son Seigneur jusqu’à ce qu’Il jette sur lui Son voile de Miséricorde, puis Il lui fait avouer ses péchés disant : “Reconnais-tu tel et tel péché ?” Et l’interrogé de répondre : “Je les reconnais, Seigneur.” Le Très-Haut dit : “Je les ai gardés secrets dans le bas-monde et, ce jour, je te les pardonne.” Alors, on lui tend le registre de ses bonnes œuvres. » [7]

L’espérance (ar-rajâ’) diffère du vœu fantaisiste (at-tamannî). S’agissant d’espérance, l’individu mobilise les moyens consistant à obéir à Dieu tout en Lui demandant Son agrément et Son acceptation. Tandis que le fantaisiste est celui qui délaisse les moyens et l’effort à accomplir tout en attendant la rétribution et la récompense de Dieu. Ce dernier est visé par l’enseignement du Prophète — paix et bénédictions sur lui — : « L’incapable est celui qui s’abandonne à ses passions, tout en demandant à Allâh toutes sortes de vœux. » [8]

Quiconque place son espérance en Dieu — Exalté soit-Il — doit en effet retrousser les manches de l’effort, et s’appliquer sincèrement, pour atteindre son dessein. Ainsi, indiquant la manière de Le solliciter, Dieu — Exalté soit-Il — dit : « Quiconque espère rencontrer son Seigneur, qu’il accomplisse de bonnes œuvres et qu’il n’associe dans son adoration aucun autre à son Seigneur. » [9]

Il s’ensuit que, lorsque le serviteur commet des péchés pendant sa jeunesse, il doit donner la prééminence à la dimension de la crainte de Dieu par rapport à la dimension de l’espérance en Lui. Mais, lorsque sa vie est plutôt derrière lui, il doit donner l’avantage à l’espérance conformément au hadith transcendant : « Je suis Tel que Mon serviteur le présume. » [10] Le Prophète — paix et bénédictions sur lui — dit également, selon le hadith narré par Jâbir Ibn ʿAbd Allâh — que Dieu l’agrée — : « Que nul d’entre vous ne meure sans nourrir de bonnes présomptions vis-à-vis d’Allâh — Exalté soit-Il —. » [11]

Lorsque le serviteur va vers son Seigneur, et emprunte le chemin de Sa proximité, il se doit d’allier crainte et espérance, sans donner l’avantage à la crainte au point de désespérer de la Miséricorde de Dieu — Exalté soit-Il — et de Son Pardon, et sans non plus donner l’avantage à l’espérance au point de sombrer dans les gouffres des transgressions et des péchés. Il doit au contraire battre de ces deux ailes dans des sphères pures, se rapprochant sans cesse de la Majesté Divine, et incarnant la description de ceux que Dieu qualifie en ces termes : « Ils s’arrachent de leurs lits pour invoquer leur Seigneur, par crainte et espoir ; et ils font largesse de ce que Nous leur attribuons. » [12] La crainte de Son Feu, et l’espoir en Son Paradis. La crainte d’être éloigné de Lui, et l’espoir de Sa Proximité. La crainte de Son abandon, et l’espoir de Son agrément. La crainte de la rupture avec Lui, et l’espoir d’être relié avec Lui.

Les hommes sont inégaux dans le domaine de l’espérance. Ils occupent des rangs variables en la matière, comme l’indique Ibn ʿAjîbah — que Dieu, Exalté soit-Il, lui fasse miséricorde — : « L’espérance des gens du commun vise une fin heureuse et la rétribution, celle de l’élite vise l’agrément et la proximité, et celle de l’élite de l’élite vise la contemplation et l’ascension parmi les secrets du Roi Adoré. » [13]

P.-S.

Traduit de l’arabe du livre de Sheikh ʿAbd Al-Qâdir ʿÎsâ, Haqâ’iq ʿan At-Tasawwuf.

Notes

[1Qawâʿid At-Tasawwuf, page 74.

[2Sourate 39, Az-Zumar, Les groupes, verset 53.

[3Sourate 7, Al-Aʿrâf, Les limbes, verset 156.

[4Sourate 2, Al-Baqarah, La génisse, verset 218.

[5Rapporté par Muslim dans le Livre du repentir.

[6Le lecteur désireux d’approfondir cette question pourra se référer aux commentaires de Sheikh Ash-Shaʿrâwî des versets 18 de sourate tir et 38 de sourate An-Najm. NdT.

[7Rapporté par Muslim dans le Livre du repentir et par Al-Bukhârî dans son Sahîh dans le Livre de la spiritualité (Ar-Riqâq).

[8Rapporté par At-Tirmidhî dans le Livre des caractéristiques de la résurrection, qui le déclara bon, et par Ibn Mâjah dans le Livre de l’ascétisme, tous deux par la voie de Shaddâd Ibn Aws — que Dieu l’agrée —.

[9Sourate 18, Al-Kahf, La caverne, verset 110.

[10Rapporté par Al-Bukhârî selon Abû Hurayrah — que Dieu l’agrée —, dans le chapitre du monothéisme.

[11Rapporté par Muslim dans le Livre du paradis, dans la section consacrée au commandement de nourrir de bonnes présomtions vis-à-vis de Dieu — Exalté soit-Il —.

[12Sourate 32, As-Sajdah, La prosternation, verset 16.

[13Miʿrâj At-Tashawwuf, page 6.

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