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Vérités sur le soufisme
Section : Témoignages des Savants

L’Émir Shakîb Arslân

jeudi 12 août 2004

On peut lire dans Hâdir Al-ʿÂlam Al-Islâmî (Le Présent du monde musulman) de l’Émir Shakîb Arslân - qu’Allâh lui fasse miséricorde -, dans la section intitulée "Les causes de l’essor de l’islam en Afrique" : « Au cours des XVIIIe et XIXe siècles, il y eut une renaissance parmi les adeptes des deux confréries soufies que sont laqâdiriyyah et la shâdhiliyyah, tandis que deux autres confréries voyaient le jour : la tîjâniyyah et le Sénousisme (sunûsiyyah).

Les Qâdiris sont les plus zélés missionnaires musulmans en Afrique occidentale, du Sénégal au Bénin, à proximité de l’embouchure du Niger. Ils propagent l’islam de manière pacifique à travers le commerce et l’enseignement. Ainsi les marchands soninkés et mandingues, qui sont présents essentiellement dans les villes du Niger et dans les régions de Kaarta et de Macina, sont tous des disciples de la confrérie qâdirie. Certains de leurs aspirants travaillent en tant que scribes et enseignants et ouvrent des écoles coraniques qui ne se limitent pas à leurs zaouias uniquement, mais qui s’étendent à tous les villages. Ils enseignent ainsi la religion musulmane aux enfants noirs dans le cadre de leur cursus scolaire, et envoient les éléments les plus brillants étudier aux frais de la zaouia dans les instituts de Tripoli et de Kairouan, ainsi qu’à la Mosquée d’Al-Qarawiyyûn à Fès et à la Mosquée Al-Azhar en Égypte, d’où ils sont diplômés et habilités à enseigner à leur tour. Ils retournent alors dans leur pays d’origine pour repousser l’évangélisation chrétienne au Soudan central [1]. » [2]

L’Émir parle ensuite du fondateur de la confrérie qâdirie, écrivant : « ʿAbd Al-Qâdir Al-Jîlânî, qui vivait à Jîlân, en Perse, était un éminent soufi de noble extraction, et avait des disciples innombrables. Sa confrérie se répandit jusqu’en Espagne. Puis, lorsque l’État arabe disparut à Grenade, le centre de la confrérie qâdirie s’installa à Fès. Grâce aux lumières de cette confrérie, les innovations disparurent des populations berbères qui s’attachèrent à la voie sunnite. De plus, c’est grâce à cette confrérie que les populations d’Afrique de l’Ouest trouvèrent la guidance de l’Islam au cours du XVe siècle. »

Puis il dit à propos de la confrérie sénousie : « Les adeptes du Sénousisme propagèrent leur confrérie dans les vallées de Baguirmi et de Borkou et suivirent le lit de la Bénoué jusqu’à atteindre le Niger inférieur, guidant sur leur passage les tribus africaines vers l’islam. Grâce au Sénousisme, la région du lac Tchad devint le centre de l’islam en Afrique centrale. On estime le nombre des adeptes de la confrérie sénousie à quatre millions. Leur façon de porter le message de l’islam consiste à acheter des esclaves jeunes et à assurer leur éducation à Jaghbûb [3], à Ghadamès et dans d’autres villes, puis à les affranchir lorsqu’ils atteignent l’âge adulte et qu’ils achèvent leur éducation. Ils sont alors envoyés aux quatre coins de l’Afrique noire afin qu’ils prêchent l’islam aux gens de leur clans restés fidèles au fétichisme. Ainsi, chaque année, des centaines de missionnaires sénousis saisissent leur bâton de voyageur pour répandre le message de l’islam au sein de l’Afrique, des rives de la Somalie à l’Est à la Sénégambie à l’Ouest.

Sidi Muhammad Al-Mahdî et son frère Sidi Muhammad Ash-Sharîf marchèrent d’ailleurs sur les pas de leur père et poursuivirent les mêmes visées que lui, à savoir débarrasser l’islam de toute influence étrangère et rétablir l’imâmat général tel qu’il était du temps des Califes. De manière générale, les adeptes de ces confréries sont ceux qui œuvrèrent et réussirent à répandre l’islam en Afrique. » [4]

Il ajoute à propos du Sénousime : « Et quelle meilleure preuve que ces missionnaires enthousiastes et jaloux, formés dans les zaouias du désert et se comptant par milliers, qui ne tardèrent pas à sillonner les contrées idolâtres proclamant le monothéisme et invitant à l’islam ? Ces œuvres réalisées par les missionnaires musulmans en Afrique occidentale et centrale depuis le XIXe siècle jusqu’à nos jours sont proprement extraordinaires, chose reconnue par un grand nombre d’auteurs occidentaux à l’instar de cet auteur anglais qui écrivit, il y a vingt ans de cela : "L’islam réalise un succès phénoménal au sein de l’Afrique. La paganisme y disparaît comme l’obscurité disparaît à la naissance du jour ; le message du christianisme y figure comme une fable parmi d’autres." » [5]

L’Émir Shakîb Arslân écrit au sujet de la confrérie shâdhilie : « La Shâdhiliyyah doit son nom à son fondateur Abû Al-Hasan Ash-Shâdhilî, le disciple de ʿAbd As-Salâm Ibn Mashîsh, lui-même disciple de Abû Madyan. Abû Madyan naquit à Séville en 1127 E.C. et étudia à Fès. Il accomplit le pèlerinage à la Maison Sacrée et s’installa à Béjaïa où il enseigna le soufisme. Il jouit d’un très grand nombre de disciples. La confrérie Shâdhilie est l’une des toutes premières confréries ayant introduit le soufisme au Maghreb. Son centre se situe à Bûbrît à Marrakech et l’un des chefs de cette confrérie fut Sidi Al-ʿArabî Ad-Darqâwî, décédé en 1823 E.C., qui insuffla en ses disciples une grande énergie qui se propagea jusqu’au centre du Maghreb. La Darqâwiyyah joua un rôle actif dans la résistance à l’invasion française. » [6]

L’Émir Shakîb Arslân conclut son propos sur l’essor de l’islam en Afrique en ces termes : « La raison prépondérante de cet essor récent est imputable au soufisme et à la croyance aux saints. » [7]

P.-S.

Traduit de l’arabe du livre de Sheikh ʿAbd Al-Qâdir ʿÎsâ, Haqâ’iq ʿan At-Tasawwuf, disponible en ligne sur le site Shazly.com.

Notes

[1Le Soudan central est une région d’Afrique qui s’étend du Mali au Darfour, en passant par le Niger et le Tchad, à ne pas confondre avec le pays de même nom dont la capitale est Khartoum. Étymologiquement, cette région désigne le pays des Noirs (bilâd as-sûdân). NdT.

[2Conférer Hâdir Al-ʿÂlam Al-Islâmî, volume 2, page 396.

[3Il s’agit de l’oasis de Jaghbûb, parfois orthographié Djaraboub en français, centre religieux historique fondé par la confrérie sénousie, loin de toute influence étrangère. NdT.

[4Conférer Hâdir Al-ʿÂlam Al-Islâmî, volume 2, page 400.

[5Conférer Hâdir Al-ʿÂlam Al-Islâmî, volume 1, page 301.

[6Ibid.

[7Ibid.

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