mercredi 17 septembre 2003
Le grand Imâm, l’argument des gens du Kalâm, ʿAbd Al-Qâhir Al-Baghdâdi, que Dieu lui fasse miséricorde, dit dans son livre Al-Farq Bayna Al-Firaq (Les Différences entre les Groupes) :
« Chapitre I de cette Partie : Exposé sur les différentes branches des gens de la Sunnah.
Sachez, qu’Allâh vous accorde le bonheur, que les gens de la Sunnah appartiennent à huit catégories :
Première catégorie : ceux qui ont le savoir du Tawhîd (Monothéisme Pur), de la Prophétie, des règles relatives à la Promesse et à la Menace (Ahkâm Al-Waʿd wa Al-Waʿîd), de la rétribution, du châtiment, des conditions de l’Ijtihâd [1], de l’Imâmat et du leadership...
Deuxième catégorie : Les Imâms de la jurisprudence (Fiqh) des deux écoles - celle de l’opinion (Ra’y) et celle du Hadîth - parmi ceux qui croient en les Attributs Anciens et Eternels d’Allâh comme partie intégrante des fondements de la religion et qui ont désavoué les Qadariyyah et des Muʿtazilites. Ces savants droits ont affirmé l’éternité du bien-être et du confort pour les gens du Paradis, et l’éternel séjour des mécreants en Enfer. Ils ont reconnu la légitimité de Abû Bakr, de ʿUmar, de ʿUthmân et de ʿAlî. Ils n’ont pas tari d’éloge sur les pieux prédécesseurs de la communauté. Ils ont affirmé le devoir d’accomplir la prière du vendredi derrière les imâms qui se sont innocentés des gens de la passion et de l’égarement. Ils ont cru au devoir de faire les déductions subtiles des lois (Al-Istinbât) à partir du Coran et de la Sunnah reconnue par l’unanimité des Compagnons. Rentrent dans cette catégorie les compagnons de Mâlik, d’Ash-Shâfiʿî, d’Abû Hanîfah et d’Ahmad Ibn Hambal - qu’Allah les agrée.
Troisième catégorie : ceux qui ont le savoir des voies narratives par lesquelles sont parvenus les récits et les traditions du Prophète - paix et benediction d’Allâh sur lui - et qui ont discerné les narrations authentiques de celles entachées de défauts, ainsi que les principes du Jarh et du Taʿdîl [2], sans mêler à leur science quelque innovation présente chez les gens des passions déviantes.
Quatrième catégorie : des gens qui ont eu la connaissance de la majeure partie de la littérature, de la grammaire et de la déclinaison, et qui ont marché sur les pas des imâms de la Langue, comme Al-Khalîl, Abû ʿAmr Ibn Al-ʿAlâ et Sîbaweih.
Cinquième catégorie : ceux qui ont le savoir des lectionnaires du Coran (Qirâ’ât Al-Qur’ân), de l’éxégèse de ses versets (Tafsîr), leur interprétation (Ta’wîl) selon les écoles de jurisprudence des gens de la Sunnah, en s’ecartant des interprétations des gens de la passion déviante.
Sixième catégorie : les ascètes soufis qui ont vu et se sont détournés des futilités, qui ont experimenté et ont tiré la moralité. Ils ont accepté ce que Dieu leur accorde et se sont contentés de peu. Ils ont su que l’ouïe, la vue et le cœur seront tous interrogés sur le bien et le mal, questionnés sur tout - fût-ce du poids d’un atome. Ils ont ainsi fait la meilleure préparation pour le Jour du Retour. Et leurs propos se font par la voie de l’expression ainsi que par le signe, à l’image de gens du Hadith parmi ceux qui n’achètent pas les propos futiles. Ils ne font point le bien par hypocrisie, et ne le délaissent pas par timidité, leur pratique religieuse est basée sur le (Tawhîd) et la négation de l’anthropomorphisme (Tashbîh). Leur voie consiste à se confier à Allah - Exalté soit-Il - à compter sur Lui, à s’en remettre à Lui et à se soumettre à Son Ordre. Ils se contentent de ce qu’Il leur attribue comme bien et s’éloignent de toute objection contre Sa volonté. Telle est la Grâce d’Allah, Il l’accorde à qui Il veut. Et Allah est le Détenteur de l’énorme Grâce. [3].
Septième catégorie : Des gens en veille aux frontières des pays musulmans, prêts à contrer les mécreants, accomplissant le jihâd envers les ennemis de l’Islam et protégeant les musulmans.
Huitième catégorie : les différents pays où prédominent les principes des gens de la Sunnah, par opposition aux terres où sont apparus les slogans des gens de l’égarement... » [4].
Traduit de l’arabe du livre de Sheikh ʿAbd Al-Qâdir ʿÎsâ, Haqâ’iq ʿan At-Tasawwuf, disponible en ligne sur le site Shazly.com.
[1] Effort intellectuel, produit par un savant habilité, pour déduire une jugement légal concernant une question n’ayant pas de réponse explicite dans les sources primaires de la législation islamique. NdT
[2] Le Jarh et le Taʿdîl : Science traitant de la critique et de la réhabilitation des narrateurs des traditions.
[3] Sourate Al-Jumuʿah, verset 4.
[4] Al-Farq Bayna Al-Firaq, p. 189, par l’Imâm Abd Al-Qâhir Al-Baghdâdî, décédé en 429 A.H.
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