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Défense du dogme et de la loi de l’Islam contre les atteintes des orientalistes
Section : Muhammad, Messager de Dieu

La soumission à Dieu est chose commune à toutes les religions

mercredi 19 février 2003

L’orientaliste hongrois, Goldziher, donne malicieusement la signification du mot « Islâm » et explique — comme ses acolytes du reste — que ce mot signifie la soumission, l’abandon et la dépendance.

Selon eux, cela signifie le renoncement au libre arbitre et la dissolution de la nature humaine dans des forces invisibles et obscures. Il dit :

« Islâm, c’est-à-dire soumission : la soumission des croyants à Allâh. Ce mot, qui, mieux que tout autre, synthétise la position dans laquelle Muhammed place le croyant par rapport à l’objet de son adoration, est empreint par-dessus tout du sentiment de la dépendance dans laquelle se trouve l’homme en face d’une toute-puissance illimitée à laquelle il doit s’abandonner en abdiquant toute volonté propre. Tel est le principe dominant qui inspire toutes les manifestations de cette religion, ses idées et ses formes, sa morale et son culte, et qui caractérise la mentalité qu’elle se propose d’inculquer à l’homme. »

Oui, nous, Musulmans, considérons que la religion est une soumission à Dieu, une soumission à ce qu’Il ordonne et à ce qu’Il interdit, un renoncement aux passions individuelles si celles-ci vont à l’encontre d’une directive divine.

Et la religion ne saurait s’accomplir dans une âme humaine que si ce sentiment s’installe en elle, exactement comme Dieu — Exalté soit-Il — le dit : « Non !... Par ton Seigneur ! Ils ne seront pas croyants aussi longtemps qu’ils ne t’auront demandé de juger de leurs disputes et qu’ils n’auront éprouvé nulle angoisse pour ce que tu auras décidé, et qu’ils se soumettent complètement [à ta sentence]. » [1]

En quoi cela serait-il une déficience ?

Quelle serait l’essence de la relation entre Dieu et l’être humain si ce n’est pas une conviction accompagnée d’une obéissance absolue ? ! Si je ne suis pas un Serviteur de Dieu, que suis-je ? ! Si Dieu est le Seigneur de toute chose, son Propriétaire et son Maître, quel mal y aurait-il à ce que je sois Son Esclave, n’exécutant que ce qu’Il m’ordonne et ne progressant qu’à la lumière de Sa guidance ?

Les religions, depuis leur début jusqu’à leur fin, n’ont connu que cette signification. Et c’est là le secret de cette sentence éternelle inspirée par le verset : « Certes, la religion acceptée par Dieu, c’est l’Islâm. » [2]

Une bande d’orientalistes ironisent sur cette signification, disant : Le Dieu des Musulmans est impitoyable et terrifiant ; les cœurs ne lui vouent que de la crainte et de la soumission ! Quant au Dieu des Chrétiens, il est d’une bonté telle qu’Il a envoyé Son Fils unique se suicider sur une croix afin de racheter les péchés des hommes ! ! Ainsi, la relation qui lie les Musulmans à leur Seigneur est une relation de terreur, caractérisée par un esclavage humiliant. Quant à la relation des Chrétiens avec leur Seigneur, c’est une relation d’amour mutuel...

Nous répondons : Halte-là ! Notre Dieu et le vôtre est Un. Il est Un, sans Fils, ni compagne. Il se décrit à Son Prophète Muhammad : « Informe Mes serviteurs que c’est Moi le Pardonneur, le Très Miséricordieux. Et que Mon châtiment est certes le châtiment douloureux. » [3] Il dit aussi : « Sachez que Dieu est sévère en punition, mais aussi Dieu est Pardonneur et Miséricordieux. » [4]

Prétendre donc que nous adorons un Dieu impitoyable et terrifiant est une erreur et un mensonge. C’est comme si l’on prétendait que ce Dieu a lavé les péchés des criminels par le sang de Son Fils bien-aimé.

L’âme criminelle ne saurait se laver de ses péchés que si elle se purifiait elle-même et quittait l’errance dans laquelle elle se trouve. Le cœur noir ne saurait trouver le salut grâce au sacrifice d’un homme ou d’un ange. Car ce serait là une destruction de la vertu et une iniquité dans le jugement.

C’est pour cette raison que Dieu a ordonné à Muhammad de réciter aux hommes ces paroles : « Dis : ‹Chercherais-je un autre Seigneur que Dieu, alors qu’Il est le Seigneur de toute chose ? Chacun n’acquiert [le mal] qu’à son détriment : personne ne portera le fardeau (responsabilité) d’autrui. Puis vers votre Seigneur sera votre retour et Il vous informera de ce en quoi vous divergiez. » [5]

La servitude envers Dieu signifie la libération de tout ce qui n’est pas Dieu. Et c’est là la souveraineté qui ne saurait être égalée. L’être humain qui ressent que son abnégation à Dieu seul est juste, et que son humiliation devant un autre que Dieu est injuste, est un être humain incontestablement grandiose. Et dans cet univers immense, il ne saurait être inférieur en mérite aux Archanges, cela, s’il ne leur est pas supérieur.

Par ailleurs, l’être humain qui accepte sa servitude envers Dieu s’abandonne à Lui corps et âme et exécute tous Ses ordres avec amour et respect. Etant donné que les ordres de Dieu sont un Bien pur, alors les plus heureux des hommes dans la vie d’ici-bas sont ces Serviteurs déférents.

Est-ce donc cette servitude qui tourmente ainsi les orientalistes ?

Sans vouloir établir de comparaison entre les religions, nous aimerions que Goldziher écoute ce que dit Jean-Jacques Rousseau au sujet du Christianisme et de ses disciples, lorsque l’Europe a commencé à tracer sa voie vers la vie et à aspirer vers un avenir meilleur...

Il dit : « Le Christianisme est une religion toute spirituelle, occupée uniquement des choses du Ciel : la patrie du Chrétien n’est pas de ce monde. Il fait son devoir, il est vrai, mais il le fait avec une profonde indifférence sur le bon ou mauvais succès de ses soins. Pourvu qu’il n’ait rien à se reprocher, peu lui importe que tout aille bien ou mal ici-bas. Si l’État est florissant, à peine ose-t-il jouir de la félicité publique, il craint de s’enorgueillir de la gloire de son pays ; si l’État dépérit, il bénit la main de Dieu qui s’appesantit sur son peuple. »

Rousseau s’étend ensuite sur cette description, disant :

« Pour que la société fût paisible et que l’harmonie se maintînt, il faudrait que tous les Citoyens sans exception fussent également bons Chrétiens : Mais si malheureusement il s’y trouve un seul ambitieux, un seul hypocrite, un Catilina, par exemple, un Cromwell, celui-là très certainement aura un bon marché de ses pieux compatriotes. [...] Dès qu’il aura trouvé par quelque ruse l’art de leur en imposer et de s’emparer d’une partie de l’autorité publique, voilà un homme constitué en dignité ; Dieu veut qu’on le respecte ; bientôt voilà une puissance ; Dieu veut qu’on lui obéisse [...]. »

Rousseau dit également [6] :

« Mais je me trompe en disant une République Chrétienne ; chacun de ces deux mots exclut l’autre. Le Christianisme ne prêche que servitude et dépendance. Son esprit est trop favorable à la tyrannie pour qu’elle n’en profite pas toujours. Les vrais Chrétiens sont faits pour être esclaves [...]. »

Il dit encore :

« Les troupes chrétiennes sont excellentes, nous dit-on. Je le nie. Qu’on m’en montre de telles. Quant à moi, je ne connais point de Troupes chrétiennes. On me citera les croisades. Sans disputer sur la valeur des Croisés, je remarquerai que, bien loin d’être des Chrétiens, c’étaient des soldats du prêtre, c’étaient des Citoyens de l’Église ; ils se battaient pour son pays Spirituel, qu’elle avait rendu temporel on ne sait comment. » [span class=ouvrage]

Rousseau est l’un des philosophes sociologues qui ont allumé la flamme de la Révolution française, libérant ainsi des masses innombrables croulant sous le joug du clergé et de la féodalité. Il conçoit l’être humain comme un être ayant une essence propre à laquelle s’accrochent des responsabilités, et un libre arbitre prenant seul en charge ces responsabilités... C’est l’analyse qu’il a tenue d’après les données qui s’offraient à lui. Et il a donc écrit ce qu’il a écrit.

Avec cela, il n’y a plus lieu de clamer que l’Islam confisque par mépris les droits de l’individu, surtout lorsque cette clameur vient de la part de ces Occidentaux [7] qui essaient de rabaisser la valeur de l’Islam, croyant ainsi qu’ils élèvent la valeur du Christianisme.

La plupart de ces gens savent de l’Islam ce que sait cet écrivain libre. La seule différence entre eux est que les premiers ne parviennent pas à dire une seule parole juste, si cette parole insinue une quelconque pureté de l’Islam ou si elle dévoile l’une de ses sublimes vérités [8].

P.-S.

Traduit de l’arabe aux éditions Nahdat Misr, cinquième édition, 1988.

Notes

[1Sourate 4 intitulée les Femmes, An-Nisâ’, verset 65.

[2Sourate 3 intitulée la Famille d’Amram, Âl ʿImrân, verset 19.

[3Sourate 15 intitulée Al-Hijr, versets 49 et 50.

[4Sourate 5 intitulée la Table servie, Al-Mâ’idah, verset 98.

[5Sourate 6 intitulée les Bestiaux, Al-Anʿâm, verset 164.

[6Nous pensons que Rousseau décrit ici le Christianisme avant l’émergence de la civilisation moderne et la mise au point définitive des concepts de cette civilisation.

[span class=ouvrageDu Contrat social, édition GF Flammarion, Paris, 2001, pages 175 et suivantes.

[7Il s’agit ici des orientalistes. NdT

[8D’après le livre de ʿAbd Al-Karîm Al-Khatîb, An-Nabî Muhammad... Insân Al-Insâniyyah wa Nabî Al-Ambiyâ’ (Le Prophète Muhammad... L’homme de l’humanité et le Prophète des Prophètes).

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