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Défense du dogme et de la loi de l’Islam contre les atteintes des orientalistes
Section : Ascétisme et Soufisme

Le Prophète de l’Islam à l’assaut du monachisme

jeudi 4 mars 2004

Cet orientaliste, qui considère que la Sunnah est l’œuvre des générations postérieures, non la tradition du Messager lui-même, aborde le hadith « De votre monde, j’ai aimé les femmes et les parfums, et l’apaisement de mes yeux est dans la prière. » [1] et le divise en deux parties.

La première partie « De votre monde, j’ai aimé les femmes et les parfums », il admet volontiers qu’elle ait été proférée par le Messager lui-même. Quant à la deuxième partie, elle aurait été rajoutée par les savants musulmans !

La première partie a été proférée par le Messager car - dans son illusion - elle comporterait une signification inconvenante. Elle indiquerait que le Messager se préoccupait de ce qui ne correspondrait nullement à la mission dont il était le champion. Pour cette raison, il n’y a pas de mal à lui attribuer ces mots et à admettre qu’il les a effectivement prononcés.

Quant à la deuxième partie, elle a été ajoutée par les savants musulmans afin d’entourer le message de l’Islam par cette aura dont il se doit d’être entouré.

Voilà à quoi ressemble une étude transparente de la Sunnah !

Le Docteur Muhammad Yûsuf Mûsâ a critiqué ce procédé, dans la traduction arabe, en note de la page 143 :

« L’auteur considère que la phrase « Et l’apaisement de mes yeux est dans la prière. » est une addition qui a été opérée sur le hadith « De votre monde, j’ai aimé les femmes et les parfums ».

Nous aimerions bien savoir ce qui lui a déplu dans cette phrase pour qu’il juge qu’elle ait été rajoutée ultérieurement ! La vie pratique du Messager laisse-t-elle entrevoir autre chose que ce qu’énonce cette phrase ?

Le Prophète était assidu à la prière. Il l’attendait impatiemment et disait : « Ô Bilâl, repose-nous par la prière. » [2] Ainsi que l’a rapporté Abû Dâwûd, si un événement venait à le contrarier, le Prophète se réfugiait dans la prière. Il priait aussi bien en temps de paix qu’en temps de guerre et de terreur. Il légiféra tout cela pour les Musulmans.

Le hadith, avec cette addition, a été rapporté par des narrateurs dignes de confiance. Aucun doute ni aucune récusation ne le concernent. Mais l’auteur fait partie de ces gens qui ajoutent foi à une partie du Livre et en rejettent une autre, au gré de ses passions et de sa subjectivité. »

L’on peut se demander : Qu’entendait le Messager par ce propos ?

La réponse est très simple : il déclare que sa religion se démarque totalement du monachisme répandu dans la dernière religion ; il déclare aimer ce que ce monachisme déteste, et aller vers ce que ce monachisme fuit.

Le monachisme déteste les femmes et le parfum... Le moine considère qu’afin de mieux se rapprocher de Dieu, il doit vivre célibataire et abandonner son corps sans hygiène et sans soins.

Mais le Prophète de l’Islam refuse catégoriquement de compter le célibat au nombre des actes de culte. Il refuse également que l’on abandonne le corps humain sans purification régulière, que ce soit par le moyen du bain ou des ablutions, et qu’on ne le parfume pas, lui et les vêtements qui le recouvrent.

La vérité est qu’aucun Prophète n’a considéré que le célibat était une forme de dévotion.

« Nous avons certes envoyé des Messagers avant toi, et leur avons donné des épouses et des enfants. » [3]

La plupart d’entre eux se sont mariés, lorsqu’ils ont prêté l’oreille à l’appel de la nature. Ceux qui ne se sont pas mariés pour telle ou telle raison n’ont nullement dit que le célibat était une marque de religiosité.

C’est le monachisme qui a initié la voie sur laquelle il a évolué, en se confrontant notamment aux plus puissants instincts qui soient, dans une bataille vaine et lourde de conséquences.

Et qu’a-t-il gagné après des siècles de déviance ?

Des réformateurs religieux, tels Luther ou Calvin [4], sont apparus en Europe pour dénoncer les comportements honteux des moines et des nonnes. Ils ont alors élevé la voix pour réclamer que le mariage soit autorisé aux hommes et aux femmes d’Église. C’était en fait le seul moyen de résoudre un problème entièrement imputable à l’outrance.

Fort heureusement pour l’humanité, le célibat, qui, sous sa forme religieuse et monacale, est un rejet de la femme, ne s’est pas répandu parmi les masses. Se serait alors répandue avec lui la destruction du monde.

Le Prophète de l’Islam est venu accorder toute sa tendresse à cette créature repoussée par les bigots, dévalorisée par les puissants. Il est venu dire : C’est un sexe qu’on aime, qu’on ne peut ni détester ni répugner ; le monachisme se trompe quand il le repousse, de même que l’obscurantisme lorsqu’il l’ignore.

En ce qui concerne les soins du corps, il faut savoir que les prêtres chrétiens se vantaient dans le passé de ne jamais prendre de bain. Ils considéraient que les enseignements de leur religion ne leur demandaient pas de purifier leur corps de toutes les saletés qu’il était susceptible de porter. Ils menèrent ainsi une vie offusquant le bon goût.

Quelle comparaison peut-on alors établir entre ces comportements et les préceptes inlassablement répétés par le Prophète de l’Islam visant à purifier les corps, les habits et les lieux ? Quelle comparaison peut-on établir alors que le Prophète n’eut de cesse d’inciter à avoir une apparence propre et élégante, si bien qu’il interdit aux personnes venant de consommer des aliments laissant une haleine désagréable, de se rendre à la prière du vendredi ?

Mais Goldziher semble solidement ancré dans les traditions du monachisme et dans son étrange compréhension du sens de la piété.

Lui trouve étrange qu’une odeur parfumée et agréable soit associée à une foi profonde, ou que l’élégance soit un signe de piété !

P.-S.

Traduit de l’arabe du livre de Sheikh Muhammad Al-Ghazâlî, Difâʿ ʿan Al-ʿAqîdah Wash-Sharîʿah didd Matâʿin Al-Mustashriqîn, éditions Nahdat Misr, deuxième édition, janvier 1997.

Notes

[1Hadith authentique rapporté par Ahmad, An-Nasâ’î, Al-Bayhaqî et Al-Hâkim dans son Mustadrak d’après Anas.

[2Hadith authentique rapporté par Ahmad.

[3Sourate 13 intitulée le Tonnerre, Ar-Raʿd, verset 38.

[4Martin Luther et Jean Calvin sont deux grands réformateurs religieux européens de la Renaissance, ayant affiché une virulente opposition à la dégradation de la situation religieuse en Europe, à l’immoralité de l’ecclésiat et aux enseignements de l’Église éloignés des véritables principes de l’Évangile.

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