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Défense du dogme et de la loi de l’Islam contre les atteintes des orientalistes
Section : Muhammad, Messager de Dieu

Le Coran et les idéaux islamiques

lundi 3 mars 2003

Avant de clore ce premier chapitre du livre, Le dogme et la loi de l’Islam, nous pensons qu’il est nécessaire de répondre à trois questions que l’auteur a soulevées avec un esprit fermé et un fanatisme apparent :

Est-il vrai que l’Islam « ne pourrait pas proposer à ses croyants l’imitatio de Muhammed comme idéal de vie morale », comme le suppose l’auteur à la page 19 ?

Dans cette page, il prétend que le Messager n’était pas un modèle à suivre pour ses fidèles. Il prétend en outre que le Messager lui-même connaissait ses faiblesses humaines, et que c’était pour cette raison qu’il ne demanda à quiconque de suivre sa voie ou de le prendre pour exemple !

Il y a vraiment de quoi être embarrassé pour évaluer la stupidité de tels propos…

Le discours des orientalistes au sujet du Messager de Dieu est limpide quant à la haine et à la rancune qu’ils vouent à sa sainte personne. L’état de la chose est bien trop grave pour que l’on puisse discuter avec des gens séparés de la vérité par des étapes aussi nombreuses… C’est comme si l’on cherche à convaincre les malfaiteurs de l’honnêteté des policiers, ou si l’on cherche à convaincre les athées de la rectitude des croyants.

Néanmoins, Goldziher émet des idées sur lesquelles nous aimerions nous arrêter quelques instants… Ainsi prétend-il que l’Islam est incapable de proposer à ses croyants une vision idéale de la vie morale. Par ailleurs, la vie de Muhammad ne saurait constituer un véritable exemple pour les Croyants, étant donné les faiblesses humaines marquant cette vie. En outre, ce serait la théologie - apparue postérieurement - qui aurait dessiné la figure légendaire du Messager accompli et qui aurait pourvu de l’aura de la perfection, la personne de Muhammad. Enfin, si ce n’était cette aura projetée sur Muhammad, ce dernier n’aurait pu devenir le modèle à suivre de ceux qui croient en lui, étant donné que sa vie réelle est en-deçà de la perfection qu’on lui attribue.

Voici les propos de Goldziher à la page 19 :

« Si l’Islâm s’en tenait strictement aux témoignages de l’histoire, il y a une chose qu’il ne pourrait pas proposer à ses croyants comme idéal de vie morale : c’est l’imitatio de Muhammed. Mais ce n’est point par l’image historique du Prophète que les croyants se laissent influencer. A sa place apparaît de très bonne heure la pieuse légende de leur Muhammed idéal. La théologie de l’Islâm a satisfait à cette exigence, de tracer du Prophète un portrait qui le montre non pas simplement comme l’instrument machinal de la révélation divine et de sa diffusion parmi les infidèles, mais comme un héros et comme le type de la plus haute vertu. C’est ce que Muhammed lui-même semble n’avoir pas voulu. D’après lui, Dieu l’a envoyé comme « témoin, porteur d’un message d’espoir et d’avertissement, pour appeler à Dieu, avec sa permission, et pour éclairer comme une torche » [1] ; il est un guide, mais non un « modèle » [2], ou du moins il n’est tel que par son espoir en Dieu et en le jour suprême, et par sa dévotion assidue. Il semble plutôt qu’il ait eu, de très bonne foi, conscience de ses faiblesses humaines, et il veut que ses croyants voient en lui un homme avec toutes les imperfections d’un mortel ordinaire. Son œuvre fut plus grande que sa personne. Il ne s’est jamais senti un saint, et il ne veut pas non plus passer pour tel. »

Nous répondons : Cet orientaliste a cité deux versets du Noble Coran sans les comprendre de manière correcte :

  1. Premier verset : « Ô Prophète ! Nous t’avons envoyé [pour être] témoin, annonciateur, avertisseur, appelant à Dieu, par Sa permission ; et [nous t’avons envoyé] comme une lampe éclairante. » [1]

    Il croit ainsi que le Messager n’est qu’un parleur, se contentant de guider les gens par sa langue. Quant à sa vie et sa voie, il n’y a rien à y imiter, car ne constituant en rien un idéal à atteindre par les autres ! Ces propos sont d’une stupidité et d’une inconsidération effarantes.

    Comment donc un homme peut-il être décrit comme une lampe éclairante ou comme une torche si son caractère et ses actions sont souillés, ou en-deçà de ce qu’il raconte ? Pourquoi le Ciel choisirait-il un homme en proie à ses faiblesses humaines pour être son porte-parole ? !

  2. Quant au second verset, il déclare que les Croyants doivent suivre l’exemple de leur Messager - celui-ci étant un excellent modèle à suivre - et qu’ils doivent - s’ils veulent devenir de véritables disciples - s’aider de l’espoir en Dieu, de la préparation active au Jour dernier et de la multiplication des invocations, car ne saura imiter le grandiose Messager que celui qui parvient à réunir toutes ces honorables qualités.

    Notre orientaliste a compris ce verset d’une toute autre manière. Il a compris que c’est le Messager qui espère en Dieu et au Jour dernier et qu’il n’est pas allé plus loin que ce niveau d’espérance en Dieu, étant donné que ses actions ne le qualifiaient que pour ce niveau ! !

Mais laissons cette ignorance de côté. Nous ne parlerons pas ici de la grandeur de Muhammad comme des gens qui veulent le défendre. Muhammad est en effet bien plus imposant que cela, bien plus lumineux et bien plus noble.

Nous nous gaussons néanmoins de ces propos selon lesquels c’est la théologie [3] qui a pris la responsabilité de parfaire les valeurs spirituelles des Musulmans ! Oui, il est bien étrange que ce soit la théologie qui a pris la responsabilité de présenter aux Musulmans les grands modèles humains…

Cette science - dans le meilleur des cas - se contente de présenter les dogmes musulmans d’un point de vue théorique, de les justifier, de dissiper les équivoques soulevées par leurs détracteurs et de découvrir leur réalité. Dans le pire des cas, cette science confond la connaissance islamique avec la philosophie étrangère. Elle se lance ainsi dans des océans sans fin de recherches métaphysiques et de divagations intellectuelles.

Quel lien existe-t-il donc entre cette science - dont nous venons de décrire l’objet d’étude - et la description des idéaux islamiques ? Pourquoi Goldziher a-t-il choisi cette science en particulier ? Pourquoi n’a-t-il pas choisi la grammaire ou l’algèbre ?

Il dit par ailleurs que Muhammad n’a jamais prétendu être un saint. Qu’entend-il par ce terme ? !

Muhammad - il est vrai - ne s’est jamais décrit, et ses disciples ne l’ont jamais décrit non plus, comme un cardinal ou comme un pape. Cet homme, qui a présenté au monde son Livre et sa Tradition, afin de relier les gens au Seigneur de l’univers, n’a jamais accepté d’être un prêtre. Il n’a jamais accepté non plus de se poser en médiateur entre les créatures et leur Créateur. Il dit à sa fille Fâtimah - la personne qui lui est la plus proche au monde - : « Œuvre pour toi-même… Je ne te serai d’aucun secours auprès de Dieu. » [4]

Ce qui distingue nettement la religion de Muhammad, c’est qu’elle fait de l’être humain un être entièrement responsable de lui-même. C’est par son élévation qu’il peut obtenir le Céleste Agrément, et c’est par son égarement qu’il mérite le Courroux de son Seigneur.

L’être humain fait son présent et son avenir, par ce qu’il entreprend de bien ou de mal.

Nulle place ici pour l’immixtion de prêtres prétendant vendre le pardon ou se charger des péchés…

P.-S.

Traduit de l’arabe aux éditions Nahdat Misr, deuxième édition, janvier 1997.

Notes

[1Sourate 33 intitulée les Coalisés, Al-Ahzâb, versets 44 et 45.

[2Extraire du verset 21 de la sourate 33, les Coalisés, Al-Ahzâb : « En effet, vous avez dans le Messager de Dieu un excellent modèle [à suivre], pour quiconque espère en Dieu et au Jour dernier. »

[3Il s’agit ici de théologie spéculative, appelée Kalâm dans la terminologie islamique. Tout le long de cet ouvrage, la théologie (ou le Kalâm) portera cette signification et aura cette acception. NdT

[4Extrait d’un hadith authentique rapporté par Al-Bukhârî et Muslim.

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