samedi 11 octobre 2003
Nous ne parlerons pas nous-mêmes de l’équivocité : nous laisserons plutôt la parole au Docteur Henry Link qui nous expliquera à sa manière la nature de ces vérités équivoques. Celui-ci écrit :
« Les hommes ne viennent pas au monde de leur plein gré. Ils vivent d’un mélange irrationnel et incohérent d’instinct et de raison. Ils savent avec une certitude capricieuse qu’ils vont mourir, sans pour autant être à même de justifier logiquement cette certitude. L’esprit humain n’est ni apte ni disposé à résoudre ces problèmes. La raison n’est pas une fin en soi, mais plutôt un outil que l’individu utilise pour s’ajuster aux valeurs et aux buts de son existence qui dépassent, elles, le cadre rationnel. Tout comme les dents sont disposées à ce qu’on mâche avec, non à ce qu’elles se mâchent elles-mêmes, de même, la raison est diposée à ce qu’on réfléchisse avec, non à ce qu’elle se préoccupe d’elle-même. L’esprit est un instrument avec lequel on vit, et non pour lequel on vit. » [1]
Il dit encore : « Il est une force régulatrice de cet univers. Mais quelle est donc cette force ? »
Et enfin : « Nous habitons tous dans des maisons éclairées à l’électricité ; nous empruntons des trains qui roulent à l’électricité ; nous recherchons de la chaleur auprès des chauffages électriques. Mais savons-nous ce qu’est l’électricité ? Il s’agit-là d’une force dont nous connaissons les effets mais dont nous ignorons l’essence. Ceci est un exemple que je vous donne, cher lecteur, afin que vous saisissiez qu’il existe des forces connues - comme la force électrique ou la force mécanique - des forces qu’il est possible d’engendrer, dont nous ressentons les effets et dont nous saisissons rationnellement les actions - grâce à notre esprit tout justement élaboré pour s’acculturer dans les divers champs de la connaissance, de telle sorte qu’il soit apte à donner lui-même naissance à ces forces, à les utiliser et à en tirer avantage, tout en restant ignorant de leur essence. Ainsi, il est des forces que nous ne connaissons pas !
Le médecin dans sa médecine, l’ingénieur dans sa technique, le savant dans son domaine d’étude, tous excellent dans leur profession, sans qu’ils cherchent pour autant à en pratiquer une autre. Le médecin ignore tout de l’ingéniérie tout comme l’ingénieur ne sait guère guérir une plaie. Chacun d’eux est spécialiste dans son domaine et seulement dans son domaine. Et même si l’un d’eux sait tout sur l’art qu’il exerce, ce tout n’en demeure pas moins une partie du tout originel qui englobe tous les secrets de cet univers grandiose.
Ainsi, nous admettons que cette raison puissante et cultivée, connaisseuse de toute chose, implique d’elle-même l’existence de cet être inéluctablement ignorant d’une partie des secrets de l’univers. Comment cet ignorant peut-il alors saisir le Créateur de l’univers, ou encore la nature de la puissance dont nous avons reconnu l’existence par l’existence même de cet univers obscur. Nous ne savons même pas ce qu’est la vie ; comment pourrait-on alors décrire l’Essence de Dieu ? »
Tel est le domaine des équivoques auxquelles le Coran nous a demandé de nous arrêter. Car tenter d’étudier l’Essence divine ou les Attributs suprêmes dans le but de découvrir leur réalité et les secrets qu’ils comportent est une absurdité dont il vaut mieux s’écarter.
Qualifiera-t-on alors le Coran d’être contradictoire à cause de cela ? C’est pourtant ce que prétend et qu’essaye de démontrer Goldziher.
Ce chapitre sur le développement dogmatique est rempli de confusion et de diffamation. Mais dans la mesure où notre homme prétend que les piliers de la foi sont l’œuvre des Musulmans et n’émanent pas des préceptes formulés par Dieu dans Son Coran, nous l’abandonnerons à lui-même après avoir fait le jour sur ses mensonges… Et il est tout naturel que s’écroule tout ce qu’il a bâti sur ces fondements mensongers.
La manière dont cet homme aborde ses études est claire dès le départ… Il suffit de savoir vers où il a tourné sa face pour déterminer par où il va finir.
S’il entame ses propos sur le dogme par ce présupposé selon lequel le Coran n’aurait aucun fondement, et ne saurait constituer une doctrine claire et accomplie, puis s’il érige ce mythe en flambeau à la lumière duquel il avance, serons-nous ensuite en mesure de nous attendre à autre chose qu’à des extravagances bouffonnes ou à des fourvoiements noyés dans l’égarement ?
Traduit de l’arabe aux éditions Nahdat Misr, deuxième édition, janvier 1997.
[1] The Return to Religion (Le Retour à la Religion), éditions The Macmillan Company, New York, 1936 ; traduit de l’anglais par nos soins. NdT
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