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Défense du dogme et de la loi de l’Islam contre les atteintes des orientalistes
Section : Muhammad, Messager de Dieu

L’attaque contre la Sunnah

mercredi 19 mars 2003

Quant à la troisième question, elle concerne la valeur de la Sunnah, de la Tradition prophétique, sa valeur scientifique, historique et religieuse. Nous avons remis à plus tard la réponse à cette question, en raison de son lien intime avec le sujet de l’ouvrage.

Cet orientaliste prétend en effet que l’Islam s’est développé grâce à ses hommes, et grâce aux ajouts qui ont permis à l’entité de cette religion de grossir à un tel point que même Muhammad n’aurait pu imaginer ! !

Et le premier de ces ajouts serait la Sunnah car des milliers de hadiths, dont on a prouvé l’attribution au Messager, sont l’œuvre des savants qui auraient voulu faire de l’Islam une grande religion globale. Ils auraient ainsi inventé ces hadiths !

Le plus étrange, c’est que notre homme, pour mieux faire passer son mensonge, écrit à la page 17 :

« Les doctrines du Qorân trouvent leur complément et leur continuation dans une foule de paroles traditionnelles [1] qui, quand bien même elles ne proviendraient pas du Prophète lui-même, sont cependant essentielles pour caractériser l’esprit de l’Islâm. »

Autrement dit, ces paroles traditionnelles largement concordantes n’ont pas été prononcées par le Messager... Ainsi donc, la récusation ne concerne pas un hadith particulier, ou un ensemble de hadiths contre lesquels des critiques solides ou non ont été formulées. Rien de tout cela... La récusation porte sur l’ensemble de la Sunnah, ce qui en est largement concordant, célèbre et authentique [2].

Notre orientaliste poursuit ses allégations, affirmant :

« Ni ces paroles, ni les nombreux textes analogues qu’il serait facile d’accumuler, ne représentent les vues personnelles d’une élite morale ; elles traduisent (peut-être dans le but de réagir contre les progrès de la fausse dévotion) le sentiment général des docteurs de l’Islâm. » (page 18)

Et d’où les docteurs de l’Islam ont-il apporté ces paroles ? ! Comment se sont infiltrés en eux les nobles sentiments qui leur ont fait prononcer ces paroles ? ! Ils sont bien en-deçà de pouvoir les inventer. Pour cette raison, Goldziher ajoute :

« A la vérité, dans le cours de son développement ultérieur et sous l’action d’influences étrangères, l’Islâm a laissé s’introduire en lui-même les raffinements des casuistes et les subtilités des dogmatiques [...]. »

Ainsi donc, le Coran, le Messager l’a emprunté aux religions antérieures ; la Sunnah qui lui est attribuée, les disciples du Messager l’ont empruntée aux étrangers ; et l’Islam, zéro ! Tel est l’aboutissement de la réflexion orientaliste très honnête, ou plutôt, dans notre terminologie, les fruits du raisonnement bovin aussi niais qu’éthéré... !

Si des témoignages largement concordants sont porteurs de mensonges, d’où saurions-nous que ce Goldziher lui-même a existé, et qu’il a rédigé ce livre ? Pourquoi ne serait-il pas une figure légendaire, et le rattachement de ce livre à sa personne l’invention de quelques individus malveillants ou de quelques mauvais plaisantins ? Nous ne connaissons son existence que par la concordance des témoignages rapportés à son sujet. Mais si la Sunnah largement concordante était controuvée, pourquoi la récuserions-nous alors que nous admettons l’existence de cet homme ?

Notre homme parle sans savoir de quoi il parle. Et dans sa haine de l’Islam, il l’attaque aveuglément. Il ne prend même la peine de chercher un point relativement faible pour l’attaquer. Non, il cogne de la tête, sans distinction, tout ce qui se trouve sur son passage. Mais qu’il ne rêve pas : seule sa tête risque d’en pâtir.

Ka-nâtihi sakhratin yawman li-yûhinahâ fa-lam yadurrahâ wa awhâ qarnahul-waʿilu

Traduction

Tel celui qui de la tête, un jour, cogna un rocher pour le putréfier, mais en vain, c’est le mouflon qui s’en cassa la corne

Muhammad a dépensé près d’un quart de siècle à exhorter les gens, à les instruire, à les éduquer, à répondre à leurs questions, à les guider vers ce qu’ils doivent faire et à leur indiquer ce dont ils doivent s’abstenir. Naturellement, ses actes et ses paroles allaient dans le sens de la révélation qui descendait sur lui du Ciel.

Cet héritage de paroles et d’actions a été reçu par les Musulmans avec une attention toute particulière et a été soumis à une sage critique. Le monde n’a pas connu plus raffinés ni plus justes que les critères qu’ils ont définis pour accepter ou récuser les traditions.

Les savants musulmans ont récusé un grand nombre de paroles attribuées à leur Messager. Ces paroles récusées pour cause de faiblesse de la chaîne de narration ou de la trame du récit sont pourtant d’une authenticité bien supérieure à l’héritage religieux en vogue chez les Juifs ou les Chrétiens.

Luc a ainsi relaté la vie de Jésus alors qu’il ne l’a même pas vu. Le hadith relaté de la sorte est considéré chez nous comme dépourvu de valeur scientifique ou historique. Comment donc un homme dont la maison est de verre ou de fils de toile d’araignée peut-il venir tenter de s’attaquer à une religion entourée d’une enceinte de fer ?

La Sunnah, dans son ensemble, est l’invention des gens, même ce qui en est largement concordant... ! Honte à l’Histoire et à toute la science si les valeurs de la vérité sont abordées avec de tels expédients lapidaires...

Mais notre homme désire faire comprendre à son peuple que l’Islam est l’œuvre de Muhammad et de son peuple... ! Qu’il récuse donc le rattachement du Coran à Dieu, et qu’il récuse le rattachement de la Sunnah à Muhammad... Car la Sunnah n’est qu’un aspect de l’évolution de l’Islam !

A ce stade, nous nous demandons : Comment cet orientaliste s’imagine-t-il que l’Islam évolue ? Ce qui est sûr chez nous, d’après l’unanimité des textes, c’est que l’Islam - du temps du Messager - s’est accompli tant au niveau de ses dogmes, de ses cultes, de sa morale, de ses jugements, de ses textes et de ses règles. Nous savons également que le Messager a rejoint le Céleste Compagnon et a laissé l’Islam tel que nous le connaissons. Nous savons enfin que les Musulmans, de la première génération jusqu’à aujourd’hui, considèrent que tout ajout dans cette religion est une innovation à combattre et refusent de qui que ce soit, de quelque partie que ce soit d’ajouter à cette religion une nouveauté... Comment donc cet orientaliste a-t-il pu forger de toutes pièces ces extravagances ? !

Il dit ainsi que le Messager évoluait avec le temps et qu’il composait de nouvelles révélations abrogeant les révélations antérieures à chaque fois qu’une nécessité le demandait. Donc si l’Islam a nécessité ces changements du vivant du Messager lui-même, il ne pourra se passer de changements après la mort de ce dernier... ! Telle est sa logique, et tel est son point de vue sur l’abrogation.

Supposons, pour le plaisir de la controverse, que son point de vue est juste - bien qu’il s’agisse de mensonge - en quoi cela l’avancerait-il ? La révélation avait pour but de « développer » l’Islam à l’époque du Prophète, comme il le prétend. Mais la révélation a été incontestablement interrompue à la mort de ce Prophète. Nul, parmi ses sucesseurs ni parmi ses disciples, n’a prétendu comme l’a fait Paul que le Saint Esprit s’est manifesté à lui et l’a doté d’une nouvelle révélation... Comment l’Islam pourrait-il évoluer après le tarissement de la source de son évolution ? !

Néanmoins, le voilà qui écrit à la page 26 :

« Déjà Muhammed lui-même est poussé par sa propre évolution intérieure, comme aussi par les circonstances dans lesquelles il s’est trouvé, à outrepasser certaines révélations qoraniques - au moyen, il est vrai, de nouvelles révélations divines -, à reconnaître qu’il abroge sur l’ordre de Dieu ce qui, peu auparavant, lui était révélé comme parole de Dieu. Que sera-ce donc au temps où l’Islâm franchit ses frontières arabes et s’apprête à devenir une puissance internationale !

Nous ne comprenons point l’Islâm sans Qorân, mais le Qorân seul est loin de suffire à la pleine intelligence de l’Islâm dans sa marche historique. »

Il ajoute : « Nous étudierons de plus près, dans nos prochaines leçons, les phases de son développement qui excèdent les limites du Qorân. »

Nous répondons : Et quant à nous, nous suivrons cet homme dans son mensonge et nous dévoilerons son ignorance ignorante d’elle-même !

P.-S.

Traduit de l’arabe du livre de Sheikh Muhammad Al-Ghazâlî, Difâʿ ʿan Al-ʿAqîdah Wash-Sharîʿah didd Matâʿin Al-Mustashriqîn, éditions Nahdat Misr, deuxième édition, janvier 1997.

Notes

[1Par « tawâtur », on entend ici la transmission concordante d’un récit sur la base d’un grand nombre de chaînes de narration distinctes comportant un grand nombre de narrateurs dans chaque génération si bien que la raison juge qu’il est définitivement impossible à tous ces gens d’avoir fomenté un mensonge.

[2Cet orientaliste ignore comme tout autre inculte la différence entre les traditions largement concordantes et les traditions singulières.

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