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Défense du dogme et de la loi de l’Islam contre les atteintes des orientalistes
Section : Ascétisme et Soufisme

Les premières conquêtes musulmanes sont le fruit d’une foi pure

jeudi 12 février 2004

Au début de sa leçon sur l’ascétisme et le soufisme, Goldziher tient des propos pleins de mensonges sur la nature du message islamique et sur la réalité des premières conquêtes musulmanes.

Goldziher répète à ce chapitre des accusations répandues parmi un certain nombre d’orientalistes. Il est même fort probable que les ministères du colonialisme dans le monde occidental ne se sont intéressés à l’orientalisme que pour propager ces accusations, selon lesquelles le mouvement des premières conquêtes était un mouvement de pillage et de banditisme. D’après ces accusations, les Musulmans ne firent nullement leur apparition dans le monde en tant que porteurs de guidance, de bien, de justice et de bonté ; ils ne firent leur apparition dans le monde que pour poursuivre les richesses et satisfaire leurs instincts.

La distance est bien grande entre la vérité que nous connaissons et le mensonge que cet auteur tente de décrire et de propager. Nous estimons toujours - ainsi que nous l’avons affirmé au début de cet ouvrage - que l’Empire romain et son compère perse étaient des pays à la situation délabrée et aux affaires corrompues, si bien que la putridité les avait envahis de toutes parts. Aucun des deux Empires ne méritait d’être maître de lui-même. Comment accepter alors qu’ils se concurrencent mutuellement pour dominer la terre et prendre possession de la crise des peuples ? !

Les Arabes ne sont pas sortis de leur Péninsule pour s’emparer d’un peuple aux coffres remplis de trésors. Ils sont sortis pour guider un peuple aux cœurs vides de trésors, croulant sous les jougs de la servitude et de la désunion.

Avant l’Islam, les Arabes sont restés pendant des siècles et des siècles, figés dans leur Péninsule, isolés dans leur désert, quasiment ignorés de l’humanité. Qu’est-ce qui a donc fait de ces vagabonds, des maîtres étanchant la soif de connaissance, de générosité, de foi et de dévouement, qu’éprouvaient les peuples d’orient et d’occident ? Qu’est-ce qui a fait que ces immenses Empires ont disparu avec leur longue histoire et leur antique noblesse, devant une révolte soudaine menée par des gens, sortis d’une contrée où l’histoire était restée figée depuis le début de la création ?

C’est l’Islam... L’Islam seul...

C’est cet Islam qui, par ses croyances et ses cultes, suscite chez ces orientalistes et ces missionnaires chrétiens une haine qui déchire leurs cœurs. C’est véritablement faire preuve d’une imbécilité profonde que de prétendre que cette large aurore qui s’est levée sur le monde n’était que la marche d’une bande d’affamés sortis du désert en quête de nourriture, ainsi que les décrit ce stupide Italien de Caetani, repris ensuite avec une grande admiration par Goldziher. Celui-ci écrit à la page 113 :

« Les motifs dominants qui détermineront la poussée conquérante des Arabes furent, comme l’a fait ressortir avec une grande précision Leone Caetani dans plusieurs passages de son ouvrage sur l’Islâm, le besoin matériel et la cupidité, aisément explicables par la situation économique de l’Arabie, et qui excitèrent l’enthousiasme pour l’émigration du pays déchu et l’occupation de régions plus fertiles. La nouvelle loi fut la bienvenue comme prétexte à ce mouvement que favorisait la nécessité économique. »

Les Arabes auraient donc embrassé l’Islam car c’était un moyen de se réunir contre les nations voisines ! Ce serait pour cette raison - afin de mener des razzias contre les opulents voisins - qu’ils accueillirent favorablement la nouvelle religion !

Tout lecteur de la Sîrah se convainc que ces propos ne sont que pur mensonge. Car pour que les Arabes embrassent l’Islam, il a fallu de longues années de lutte amère. Les Arabes étaient extrêmement attachés à leurs idoles. Le Messager et ses Compagnons sont restés pendant près d’un quart de siècle à essayer de convaincre les Arabes d’abandonner leur idolâtrie pour se tourner vers le monothéisme pur !

Aussi Goldziher ressent-il qu’il s’est peut-être un peu trop enfoncé dans le mensonge. Il essaye alors tant bien que mal de se montrer un peu plus objectif en écrivant : « On ne doit assurément pas prétendre pour cela que ces intentions avides dominèrent seules et sans exception dans les guerres religieuses de l’ancien Islâm. Il y eut toujours auprès des guerriers qui yuqâtilûna ʿalâ tamaʿ al-dunyâ, « partaient à la guerre par convoitise terrestre », des hommes entraînés par la foi, qui yuqâtilûna ʿalâ al-âkhira « prenaient part au combat à cause de l’au-delà ». Mais ce n’était certainement pas ce dernier élément qui donnait leur caractère véritable aux dispositions des masses combattantes. »

Les Arabes combattaient donc pour acquérir les fruits de ce monde éphémère !

Bien. Leurs ennemis combattaient-ils alors pour acquérir les bienfaits de l’au-delà ? Pourquoi n’ont-ils pas combattu comme les Arabes afin de garder leurs possessions ?

Et si la victoire a été du côté des Arabes dans les premières batailles, pourquoi les Perses ou les Byzantins ne se sont-ils pas révoltés dix ans plus tard, ou vingt ans plus tard, ou cinquante, ou cent, ou trois cents ans plus tard ?

Qu’est-ce qui a fait que les Arabes soient restés maîtres de la situation pendant cinq siècles ? Est-ce la famine qu’ils avaient ressentie avant l’Islam et qui les avait poussés à sortir de leurs territoires en quête de pain, de beurre et de miel ?

Autre chose...

Les voisins des Arabes habitaient dans des vallées fertiles depuis une éternité, alors qu’eux-mêmes recherchaient leur subsistance dans les mirages du désert. Qu’est-ce qui a donc empêché les Arabes de conquérir le monde au cours de ces nombreux siècles ? Qu’est-ce qui les a poussés à endurer cette aridité désertique et à attendre la venue de Muhammad pour qu’il les stimule au moyen du Nil, de l’Euphrate et des autres fleuves du monde ?

Et quelle est donc cette faim qui a fait perdre aux Arabes tout sens de la politique, les amenant à attaquer simultanément les Byzantins et les Perses ? Les deux Empires se livraient un combat sans merci. Si les Arabes ne s’étaient occupés que d’un seul des deux, l’autre n’aurait pas réagi et aurait été heureux d’assister à la mort de son ennemi.

Mais les Arabes affamés et squelettiques ont ouvert deux larges fronts simultanément le même jour. Leur fougue religieuse, mêlée à l’énergie et à la crainte qu’ils inspiraient, était telle que des armées régulières et entraînées s’effondrèrent devant elle.

Est-ce ainsi qu’on interprète l’Histoire ?

Les orientalistes et les évangélistes n’ont-ils pas honte de proférer ces âneries ?

Pourquoi ne reconnaissent-ils pas tout simplement que la corruption générale s’était emparée du monde ? Pourquoi n’admettent-ils pas que les Arabes ont offert à l’humanité une société meilleure, un niveau scientifique et moral supérieur à ce qu’avaient conjointement connu les Byzantins et les Perses ?

C’est l’Islam, si riche de valeurs intellectuelles et morales, d’idéaux politiques et économiques, qui a conquis ces contrées. Ce ne sont pas les Arabes affamés.

Le changement radical du monde provoqué par l’Islam revient à la Volonté suprême de Dieu, Qui avait pour dessein de reconstruire l’humanité sur les ruines des idolâtries politico-religieuses existantes.

P.-S.

Traduit de l’arabe aux éditions Nahdat Misr, deuxième édition, janvier 1997.

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