dimanche 10 octobre 2004
Ghulâm Ahmad, le fondateur du Qâdiyânisme, est quant à lui un Indien présomptueux qui prétendit être le Messie dont l’humanité attend la venue à la fin des temps.
Bien qu’il ne se soit pas présenté comme Jésus fils de Marie en personne, il prétendit néanmoins qu’il était son collègue et qu’il était chargé de la même mission prophétique que lui. Il proclama notamment qu’il était un prophète recevant la révélation !
En vérité, lorsque Jésus redescendra sur Terre, il démentira tous ceux qui l’adorent en dehors de Dieu et qui font de la croix leur emblème. Autrement dit, il reviendra pour réaffirmer les enseignements de la douce religion primordiale, non pour fonder une nouvelle religion.
Cependant, Ghulâm Ahmad, qui se présenta comme le Messie promis, ne tarda pas à proclamer qu’il était investi d’une nouvelle mission, non sans avoir préalablement contredit les anciens et les contemporains sur le fait que Muhammad est le Sceau des Prophètes.
L’apprenti-prophète indien abolit par ailleurs le devoir du jihâd pour la Cause de Dieu, ainsi que de nombreux autres devoirs religieux. Et cela, bien entendu, pour le compte du colonialisme anglais.
Le plus étrange, c’est que ses disciples veulent à tout prix être reconnus dans un cadre islamique, et les prédicateurs du Qadiyânisme ne se lassent jamais de répéter qu’ils sont Musulmans.
Les Musulmans, en Inde et au Pakistan, s’efforcent de mettre en garde les gens contre eux et de dévoiler leurs véritables desseins. Ils recensent notamment les paroles et les opinions de Ghulâm Ahmad pour démontrer où veut en venir le Qâdiyânisme. Ils attirent également l’attention sur le fait que les prétentions personnelles et les enseignements de cet homme font de lui et de ses disciples, des renégats de l’Islam.
Le Professeur Al-Mawdûdî écrit :
« La première chose qui les distingue et qui les éloigne des Musulmans est cette interprétation innovée qu’ils font du « Sceau de la Prophétie ». Par leur interprétation, ils s’opposent à ce qui est consensuellement admis chez les Musulmans. Depuis treize siècles et demi, les Musulmans croient en effet que le Prophète arabe Muhammad est le Sceau des Prophètes, de telle sorte qu’aucun prophète ni messager ne viendra après lui, jusqu’au Jour de la Résurrection. C’était la signification qu’avait l’ensemble des Compagnons - que Dieu les agrée - de la Parole de Dieu dans son Noble Livre : « Muhammad n’a jamais été le père de l’un de vos hommes, mais le Messager de Dieu et le Sceau des Prophètes. » [1]
Pour cette raison, ils combattirent tous ceux qui prétendirent au statut de prophète après Muhammad.
C’est également la signification que les Musulmans ont eue tout au long des siècles, de sorte que jamais ils n’ont accepté que surgisse parmi eux un homme prétendant être un prophète.
Quant aux Qâdiyânites, et pour la première fois de l’histoire des Musulmans, ils interprètent le « Sceau des Prophètes » en disant que Muhammad est le Sceau des Prophètes, dans le sens où il est leur cachet, de sorte que tout prophète qui apparaîtra désormais après lui verra sa prophétie portant le cachet de son authentification. Nous pouvons présenter à cet égard à nos lecteurs plusieurs textes issus des livres qâdiyânites explicitant et clarifiant cette signification. Mais nous nous contenterons ici de ne présenter que trois textes :
Ce qu’il faut comprendre par le Sceau des Prophètes, c’est qu’il est leur cachet, de telle sorte qu’aucun prophète ne viendra désormais sans être authentifié par le Messager. C’est avec cette signification que nous croyons que le Noble Messager est le Sceau des Prophètes. » (Journal Al-Fadl du 22 septembre 1939)
Cette divergence d’interprétation ne s’est pas arrêtée à cet unique terme. Les Qâdiyânites ont déclaré et proclamé par la suite qu’il était impossible que vienne un prophète unique après le Prophète ; il est plus probable, selon eux, que viennent des centaines et des milliers d’autres prophètes :
« Il est également clair comme le jour que, pour le Qâdiyânisme, la porte de la prophétie restera grande ouverte après le Prophète. » (Haqîqat An-Nubuwwah (Vérité de la Prophétie) de Mîrzâ Bashîr Ad-Dîn Mahmûd Ahmad Ibn Mîrzâ Ghulâm Ahmad, deuxième Calife qâdiyânite, page 228)
« [Les Musulmans] prétendent que les Trésors de Dieu ont été épuisés. Ils ne prétendent cela que parce qu’ils ne parviennent pas à estimer Dieu à Sa propre Valeur. Quant à moi, je dis qu’il ne viendra pas seulement un unique prophète, mais que des milliers de prophètes vont venir. » (Anwâr Khilâfat de Mîrzâ Bashîr Ad-Dîn Mahmûd Ahmad, page 62)
« Si un homme venait à affûter et à poser des épées sur ma nuque, puis qu’il me demandait de dire qu’il ne viendrait pas de prophète après Muhammad, alors je lui dirais qu’il est un menteur, car il est possible, voire nécessaire, que viennent des prophètes après lui. » (Anwâr Khilâfat, page 65)
Ainsi, Mîrzâ Ghulâm Ahmad Al-Qâdiyânî a-t-il ouvert la porte de la prophétie, se prétendant être lui-même un prophète, au sens complet et premier du terme. Nous citons ici pour nos lecteurs ce qui en témoigne de manière manifeste, en nous appuyant sur les nombreuses paroles avérées des Qâdiyânites :
« Le Messie promis - Mîrzâ Ghulâm Ahmad - a également proclamé dans ses livres qu’il était un messager et un prophète. Il dit par exemple : « Notre proclamation est que je suis un messager et un prophète. » » (Journal Al-Badr du 5 mars 1908)
Il écrit à un autre endroit : « Je suis un prophète, conformément à l’Ordre de Dieu, et je me rendrais coupable d’un péché si je reniais cela. Si Dieu me désigne lui-même comme son prophète, comment pourrai-je le renier ?
Je poursuivrai ma mission jusqu’à ce que je quitte ce monde. » (Lettre du Messie promis à la rédactrice-en-chef du journal Akhbâr ʿÂmm de Lahore)
« Le Messie promis rédigea cette lettre trois jours seulement avant son décès. Il la rédigea le 23 mai 1908, et elle fut publiée le 26 mai 1908, le jour de sa mort. » (Kalimat Al-Fasl (Le Mot décisif) de Bashîr Ahmad Al-Qâdiyânî, publié dans Review of Religions (La Revue des Religions), numéro 3, volume quatorze, page 110)
« La signification, que nous inculque la Législation islamique au sujet du statut de prophète, est telle que le Messie promis ne peut être un prophète au sens figuré seulement ; il est nécessairement un véritable prophète. » (Haqîqat An-Nubuwwah (Vérité de la Prophétie) de Mîrzâ Bashîr Ad-Dîn Mahmûd Ahmad, page 174)
Et tout naturellement, la prétention à la prophétie exige d’excommunier tous ceux qui n’y croient pas. C’est exactement ce qu’ont fait les Qâdiyânites qui excommunient publiquement dans leurs discours et leurs écrits l’ensemble des Musulmans qui ne croient pas en Mîrzâ Ghulâm Ahmad Al-Qâdiyânî. Nous mentionnons dans ce qui suit, pour nos lecteurs, ce qui témoigne de ce fait, nous appuyant sur leurs propres propos :
« Tous les Musulmans qui n’ont pas prêté allégeance au Messie promis sont des infidèles et des renégats de l’Islam, même s’ils n’ont jamais entendu parler du Messie promis. » (Mir’ât As-Sidq (Le Miroir de la Vérité) de Mîrzâ Bashîr Ad-Dîn, page 25)
« Tout homme croyant en Moïse sans croire en Jésus, ou croyant en Jésus sans croire en Muhammad, ou croyant en Muhammad sans croire au Messie promis n’est pas seulement un infidèle. Il est pire que cela : il est enfoncé dans l’infidélité et dans l’abjuration de l’Islam. » (Kalimat Al-Fasl (Le Mot décisif) de Bashîr Ahmad Al-Qâdiyânî, publié dans Review of Religions (La Revue des Religions), page 110)
« Puisque nous croyons à la prophétie du Mîrzâ - que la paix soit sur lui - et que les non-Ahmadites n’y croient pas, alors tout homme non-ahmadite est un infidèle, conformément au Coran. Car renier ne fût-ce qu’un seul prophète suffit à caractériser l’infidélité. » (Propos tenus par Mîrzâ Bashîr Ad-Dîn Mahmûd Ahmad au tribunal de Kûrdâsnûr, publiés dans le journal Al-Fadl des 26 et 27 juin 1922)
De plus, les Qâdiyânites ne se contentent pas seulement de dire qu’ils divergent des Musulmans sur la question de la prophétie de Mîrzâ Ghulâm Ahmad. Ils vont encore plus loin et disent que rien ne les unit aux Musulmans : leur Seigneur n’est pas le Seigneur des Musulmans, leur Islam n’est pas l’Islam des Musulmans, leur Coran n’est pas le Coran des Musulmans, leur prière n’est pas la prière des Musulmans, leur jeûne n’est pas le jeûne des Musulmans, etc.
Un discours du Calife qâdiyânite a été publié dans le journal Al-Fadl du 21 août 1927, sous le titre « Conseils aux étudiants ». Dans ce discours, le Calife clarifie aux étudiants de sa secte la différence et la divergence entre les Ahmadites et les non-Ahmadites. On peut lire dans ce discours :
« Le Messie promis a dit que leur Islam - l’Islam des Musulmans - n’est pas le nôtre, leur Dieu n’est pas le nôtre, leur pèlerinage n’est pas le nôtre. Ainsi, nous divergeons d’eux en tout point. »
Le journal Al-Fadl a également publié le 30 juillet 1931 un autre discours du Calife, dans lequel il évoque une polémique qui s’était installée entre les Ahmadites et Mîrzâ Ghulâm Ahmad, du vivant de ce dernier. Un groupe d’entre eux dit : « Il ne faut pas que les Ahmadites créent des écoles religieuses indépendantes des écoles islamiques. » Leur argument était le suivant : « Nous ne divergeons du reste des Musulmans que sur un nombre limité de points, que nous a explicités le Messie promis - que la paix soit sur lui - et dont il nous a donné les preuves. Nous pouvons donc étudier le reste des questions religieuses auprès des autres écoles musulmanes. » Mais le second groupe n’était pas d’accord avec le premier sur cette opinion.
Alors qu’ils débattaient, Mîrzâ Ghulâm Ahmad fit son irruption parmi eux. Lorsqu’il prit connaissance de la polémique qui les divisait, il trancha et délivra son jugement à travers les paroles suivantes - telles qu’elles ont été rapportées par le Calife : « Il est faux de croire que nous ne divergeons des Musulmans que sur la question de la mort du Christ, ou sur d’autres questions. » Il poursuivit : « Nous divergeons d’eux sur l’Essence de Dieu - Exalté soit-Il -, sur le Messager, sur le Coran, sur la prière, sur le pèlerinage et sur l’aumône légale. » Et le Calife de conclure : « Par cette directive, il leur a explicité sa pensée et nous a montré que nous sommes en tout point en désaccord avec eux » - c’est-à-dire avec les Musulmans.
Les Qâdiyânites ont poussé ce désaccord global avec les Musulmans jusqu’au bout de ses conséquences logiques et définitives. Ils ont ainsi rompu leurs liens avec les Musulmans, et se sont organisés de manière indépendante, comme s’ils étaient entièrement étrangers à la Communauté islamique. Les écrits qâdiyânites témoignent de cette réalité, comme nous le montrons ci-dessous :
« Le Messie promis a formellement interdit aux Ahmadites de prier derrière un imam non-ahmadite. Je reçois de l’étranger un grand nombre de lettres dans lesquelles on me demande régulièrement mon avis sur cette question. Je dis à ces personnes : Vous pouvez m’interroger sur cette question autant de fois que vous le voudrez, ma réponse sera invariablement la même : il est interdit, interdit et encore interdit de prier derrière un imam non-ahmadite. » (Anwâr Khilâfat de Mîrzâ Bashîr Ad-Dîn Mahmûd Ahmad, page 89)
« Nous sommes tenus de ne pas croire à l’Islam des non-Ahmadites et de ne pas prier derrière eux. Car pour nous, ils sont des infidèles ayant renié l’un des prophètes de Dieu. » (Anwâr Khilâfat, page 90) »
Le Professeur Abû Al-Hasan An-Nadwî écrit :
« Il est scientifiquement établi que le Qâdiyânisme est né de la politique anglaise. La Grande-Bretagne fut en effet inquiétée et troublée par le mouvement du célèbre combattant, l’Imâm martyr Sayyid Ahmad Ibn ʿIrfân (mort en 1264 A.H.), qui alluma le flambeau du jihâd et du sacrifice, ressuscitant l’esprit de la dignité islamique et de la fougue religieuse dans les cœurs des Musulmans, au cours du premier quart du XIXe siècle chrétien. La Grande-Bretagne en était d’autant plus préoccupée que se rassemblaient autour de lui et de ses disciples des milliers de Musulmans qui causèrent de graves soucis et de grandes difficultés au gouvernement anglais en Inde. La Grande-Bretagne vit également apparaître au Soudan Sayyid Muhammad Ahmad Al-Mahdî As-Sûdânî qui, au nom du jihâd et du Mahdisme, faillit éradiquer la domination anglaise sur le Soudan. Il créa ainsi une étincelle religieuse qui amena les Anglais à réviser soigneusement leur stratégie. Puis la Grande-Bretagne vit l’appel de Sayyid Jamâl Ad-Dîn Al-Afghânî se répandre dans tout le monde musulman. Tout cela fut observé et étudié par le gouvernement anglais qui parvint à cette conclusion que la nature des Musulmans était fondamentalement une nature religieuse. Seule la religion pouvait les stimuler et seule la religion pouvait les engourdir ; les Musulmans ne pouvaient être abordés que du côté du credo, de la persuasion religieuse et de tout ce qui touchait à la religion. Le gouvernement anglais se convainquit ainsi que rien ne pouvait autant influencer les Musulmans et leurs orientations que l’apparition, parmi eux, d’un homme qui, au nom d’une grande fonction religieuse, rassemblerait les Musulmans autour de lui, servirait la politique des Anglais, et débarrasserait ces derniers du souci permanent que leur causaient les Musulmans. Ce fut en la personne de Mirzâ Ghulâm Ahmad Al-Qâdiyânî - qui avait des idées et un credo ébranlés et qui ambitionnait de créer un nouvelle religion, d’avoir ses propres disciples et d’inscrire sa gloire et sa renommée sur les pages de l’Histoire, à l’instar du Prophète - que les Anglais trouvèrent un collaborateur qui servirait leurs intérêts au sein de la société musulmane. Évoluant du réformisme au Mahdisme, puis du Mahdisme au messianisme, et enfin du messianisme à la prophétie, Al-Qâdiyânî concrétisa les attentes des Anglais et remplit dignement le rôle qui lui avait été attribué. Les Anglais le protégèrent et l’aidèrent à diffuser son message. En contrepartie, Al-Qâdiyânî exprimait sa gratitude et sa loyauté pour les Anglais.
Dans certains de ses écrits, il affirme lui-même qu’il a véritablement été implanté par le gouvernement anglais. Tout comme il déclare ouvertement - ou plutôt insolemment - la fidélité et la loyauté qu’il a pour le gouvernement anglais, ainsi que tous les bons et loyaux services qu’il lui a rendus. Voici la traduction littérale de ses propos :
« J’ai passé la plus grande partie de ma vie à soutenir le gouvernement anglais et à lui prêter main forte. J’ai écrit, au sujet de la prohibition du jihâd et de l’obligation d’obéir aux autorités anglaises, une quantité de livres et d’articles telle que s’ils étaient réunis, ils rempliraient cinquante armoires. Tous ces livres ont été publiés dans les pays arabes, en Égypte, au Shâm, à Kaboul et en Turquie. » (Tiryâq Al-Qulûb (Thériaque des coeurs) de Ghulâm Ahmad Al-Qâdiyânî, page 15)
Il dit à un autre endroit :
« Depuis mon plus jeune âge - alors qu’aujourd’hui j’ai atteint la soixantaine - j’ai lutté avec ma langue et ma plume pour amener les cœurs des Musulmans à faire preuve de fidélité, de loyauté et de sympathie à l’égard du gouvernement anglais, et pour ôter des esprits de certains de leurs ignorants ce concept de jihâd qui les empêche de devenir fidèles à ce gouvernement. » (Supplément de Shahâdat Al-Qur’ân (Le Témoignage du Coran) de Ghulâm Ahmad Al-Qâdiyânî, sixième édition, page 10)
Il dit dans le même ouvrage : « Je crois que le nombre de croyants au jihâd diminuera d’autant plus vite que mes disciples augmenteront et se multiplieront. Car croire que je suis le Messie ou le Mahdî implique nécessairement le rejet du jihâd. » (Supplément de Shahâdat Al-Qur’ân (Le Témoignage du Coran), page 17)
Il dit encore à un autre endroit : « J’ai rédigé des dizaines de livres en arabe, en persan et en urdu, dans lesquels j’ai expliqué en toute sincérité que le jihâd était définitivement proscrit lorsqu’il est exercé contre le gouvernement anglais !
En revanche, tout Musulman a le devoir d’obéir loyalement à ce gouvernement !
J’ai dépensé pour l’impression de ces livres de grandes sommes d’argent, puis je les ai diffusés dans les pays musulmans. Je sais que ces livres ont eu une grande influence sur les habitants de ce pays [l’Inde].
Mes disciples ont pu ainsi former un groupe au cœur débordant de dévouement et de sympathie pour ce gouvernement.
Leur dévouement est inappréciable, et je pense qu’ils sont une bénédiction pour ce pays, qu’ils sont de loyaux serviteurs de ce gouvernement, accomplissant leur tâche avec amour et désintérêt. » (Extrait d’une lettre de Ghulâm Ahmad au gouvernement anglais) »
Ce mouvement et cette secte ont fourni au gouvernement anglais les meilleurs espions, des amis fidèles et des volontaires zélés qui profitaient indéfectiblement de la confiance du gouvernement anglais.
Les plus grands hommes de cette secte servirent le gouvernement anglais en Inde et à l’extérieur de l’Inde. Ils sacrifièrent généreusement leur vie et leur sang pour la cause de l’Angleterre, à l’instar de ʿAbd Al-Latîf Al-Qâdiyânî qui prêchait le Qâdiyânisme en Afghanistan tout en fustigeant le jihâd.
Le gouvernement afghan craignit alors que la prédication de cet homme ne vienne à bout du sentiment combattif et de l’esprit belliqueux qui caractérisait le peuple afghan. On décida alors de l’exécuter.
La même chose se produisit avec le Mullâ ʿAbd Al-Halîm et le Mullâ Nûr ʿAlî, tous deux qâdiyânites, chez qui le gouvernement afghan perquisitionna des lettres et des documents indiquant qu’ils étaient des agents et des collaborateurs du gouvernement anglais, et qu’ils ourdissaient un complot contre le gouvernement afghan. Ces informations proviennent des déclarations du Ministre de l’Intérieur afghan en 1925, ainsi que du journal Al-Fadl, journal officiel des Qâdiyânites, qui rapporta la nouvelle avec admiration et satisfaction, le 3 mars de la même année.
La secte qâdiyânite demeura à l’écart de tous les mouvements patriotiques et de libération qui existaient en Inde, que ce soit avant ou après la mort de son fondateur. Elle se taisait, se réjouissait même, devant les calamités et les désastres qui s’abattaient sur le monde musulman, du fait des colonisateurs européens, avec à leur tête les Anglais. Elle se contentait tout juste de susciter des débats et des polémiques religieux sur la vie, la mort et le retour du Christ, sur le caractère prophétique de Ghulâm Ahmad, bref, sur des questions qui n’avaient pas le moindre rapport avec la vie publique des gens, avec les problèmes islamiques ou avec les mouvements qui représentaient la dignité islamique et le sentiment politique dans ce pays.
Les savants musulmans et l’élite intellectuelle de l’Inde se mobilisèrent pour affronter la zizanie qâdiyânite avec leurs plumes, leurs langues et leur science. C’était alors le maximum qui pouvait se faire sous la domination anglaise qui protégeait cette religion et cette secte.
À la tête de ces combattants, se trouvaient le Sheikh Muhammad Al-Batâlawî, Mawlânâ Muhammad ʿAlî Al-Mûnikîrî, fondateur de Nadwat Al-ʿUlamâ’, le Sheikh Thanâ’ Allâh Al-Amr Tasrî et le Sheikh Anwar Shâh Al-Kashmîrî. Et parmi les associations les plus actives dans la lutte contre cette secte criminelle, se trouvait l’Association des Libres, menée par le brillant orateur Sayyid ʿAtâ Allâh An-Najjârî Al-Amr Tasrî.
Parmi ces valeureux hommes, se trouvait également le grand penseur musulman, le Docteur Muhammad Iqbâl, qui déclara dans ses ouvrages que le Qâdiyânisme était une sédition contre la prophétie de Muhammad, « un complot anti-islamique », « une religion indépendante », précisant que les Qâdiyânites formaient une communauté à part, n’ayant strictement rien à voir avec la grande Communauté islamique.
Il n’est nul besoin de rappeler que le Docteur Muhammad Iqbâl est l’un des plus grands intellectuels éclairés de l’ère contemporaine qu’enfanta le monde musulman. Il est l’un des plus grands militants de l’unité islamique et l’un des plus attachés au principe de tolérance.
Néanmoins, en raison de la proximité et de la profonde connaissance qu’il avait de la religion qâdiyânite, de ses objectifs et de ses desseins, il fut l’un de ses plus grands détracteurs. Il fut le premier à appeler à la séparation des Qâdiyânites et des Musulmans, pour qu’ils soient considérés comme une minorité non-musulmane.
Le lecteur pourra lire ci-dessous quelques extraits de ses conférences et de ses articles. Le Docteur dit dans une lettre adressée au plus grand journal anglais de l’Inde, The Statesman :
« Le Qâdiyânisme est une tentative organisée pour fonder une nouvelle secte qui serait à la base une prophétie concurrençant celle de Muhammad. »
Il dit par ailleurs dans une réponse aux propos du Premier Ministre indien de l’époque, Pandit Jawaharlal Nehru, qui se posait la question de savoir pourquoi les Musulmans insistaient pour séparer le Qâdiyânisme de l’Islam, alors qu’il n’était qu’une des nombreuses sectes musulmanes :
« Le Qâdiyânisme veut sculpter à partir de la Communauté du Prophète arabe une nouvelle communauté qui serait celle du prophète indien ! »
Il expliqua que ce mouvement était bien plus dangereux pour la vie sociale islamique en Inde, que ne pouvaient l’être les idées du philosophe juif Spinoza, insurgé contre la loi juive.
Dieu fit en sorte que Muhammad Iqbâl saisisse l’importance du dogme de la prophétie, et de sa fonction de gardien de l’entité sociale et de l’unité islamiques. Il comprit que toute insurrection contre ce dogme devait être sévèrement réprimée, car elle agirait comme une pioche voulant détruire les fondations de la fière citadelle islamique.
Il écrivit dans sa lettre au journal The Statesman, précédemment évoqué :
« La croyance selon laquelle Muhammad est le Sceau des Prophètes constitue très nettement la ligne de démarcation entre la religion islamique et les autres religions qui partagent avec les Musulmans le dogme de l’Unicité divine et la croyance au caractère prophétique de la mission de Muhammad, mais qui déclarent que la révélation se poursuit et que les missions prophétiques continuent, à l’instar du Brahmo Samaj en Inde. Cette ligne de démarcation permet à tout un chacun de savoir de lui-même si telle secte fait ou non partie de l’Islam. À ma connaissance, jamais au cours de l’histoire, une secte musulmane n’a osé franchir cette ligne. Le Bahâ’isme en Iran a rejeté le dogme du Sceau de la Prophétie, mais il a clairement déclaré qu’il était une secte indépendante et non-musulmane, du moins pas dans le sens communément admis du terme.
Nous croyons que l’Islam est une religion révélée par Dieu, mais l’existence de l’Islam en tant que société ou en tant que nation trouve sa justification dans la personne de Muhammad.
Les Qâdiyânites doivent donc faire un choix :
- ou bien ils suivent la voie du Bahâ’isme et se séparent des Musulmans.
- ou bien ils abandonnent leurs interprétations extrémistes du concept islamique du Sceau de la Prophétie.
Leurs interprétations politiques ne prouvent qu’une seule chose : c’est qu’ils veulent à tout prix rester dans l’environnement islamique afin de profiter de ce titre et de jouir d’avantages politiques exclusivement réservés aux Musulmans. »
Il dit à un autre endroit :
« Tout groupe social se dissociant de l’Islam, en ayant une connotation religieuse fondée sur une nouvelle mission prophétique, et qui déclarerait infidèles l’ensemble des Musulmans qui ne croient pas à cette prétendue mission prophétique, doit être considéré par les Musulmans comme une menace sérieuse pouvant mettre en péril l’intégrité de l’Islam. La renaissance de la société islamique ne peut avoir pour fondement que le dogme du Sceau de la Prophétie. »
Après ce long parcours, nous aimerions nous arrêter pour déterminer notre position globale sur les sectes musulmanes et sur les écrits de Goldziher à leur sujet.
Nous voulons tout d’abord écarter du cadre de la Communauté islamique ces sectes qui se sont frayé une autre voie à travers leurs prophéties, leurs enseignes et leurs comportements, et dont les adeptes sont devenus, dans les différents domaines, les suppôts des ennemis de l’Islam, à l’instar du Bahâ’isme, du Qâdiyânisme ou de l’Aghâkhânisme...
Par ailleurs, nous ne pouvons pas qualifier les écoles juridiques ou les orientations politiques de sectes religieuses. Nous savons que les Musulmans ont divergé sur un grand nombre de questions. Cependant, la plupart des sectes suscitées par la polémique théologique ont fondu dans l’histoire. Et nous n’avons rien à craindre des divergences juridiques qui surgissent entre savants dans la compréhension de la Législation islamique. Ces divergences sont inévitables ; elles sont bénéfiques sans être nuisibles ; elles sont une source d’honneur et non de déshonneur...
La seule divergence conflictuelle qui est restée jusqu’à nos jours est la brèche artificiellement ouverte entre les Sunnites et les Shîʿites ! Cette brèche est celle que l’impérialisme ne cesse de vouloir entretenir, voire agrandir, afin qu’elle soit un sujet de discorde éternelle entre les deux parties, et à travers laquelle il peut s’infiltrer pour réaliser ses objectifs.
A ce niveau, nous désirons dire un mot, qui barrera le chemin à nos ennemis, qui remettra les choses à leur place et qui privera les orientalistes de ce à quoi ils aspirent.
L’orientaliste hongrois Goldziher mentionne dans son livre que le Roi Nâdir Shâh travailla sérieusement pour signer avec les Turcs un accord qui détendrait les relations entre Shîʿites et Sunnites et qui mettrait fin aux querelles intestines entre les deux parties. Pour ce faire, il mit au point un programme intéressant qui aurait pu voir le jour, si le destin n’avait pas surpris cet homme qui mourut avant de réaliser son souhait.
Goldziher écrit : « Nous possédons dans les indications, aujourd’hui imprimées, du théologien sunnite ʿAbdallâh b. Husseïn al-Suweïdî (né en 1104/1692, mort en 1174/1760), un intéressant document contemporain sur un synode de théologiens des deux partis, convoqué par Nâdirchâh, où fut conclu un compromis aux termes duquel le Chîʿisme devait être adjoint aux quatre rites orthodoxes de l’Islâm sunnite comme cinquième madhhab orthodoxe. En vertu de ce compromis, il serait arrivé bientôt que, dans l’enceinte sacrée de la Mekke, à côté des stations (maqâm) des quatre rites orthodoxes, un cinquième maqâm eût été érigé pour le rite des Djaʿfarî, qui aurait dû désormais être reconnu pour orthodoxe : forme suprême d’incorporation de l’Islâm chîʿite au système de l’orthodoxie. Mais tout cela se révéla bientôt utopie exaltée. La haine, héréditaire de part et d’autre, qui divisait les théologiens des deux sectes, ne leur fit pas juger à propos de s’en tenir aux tolérantes aspirations du châh après sa mort. »
Puis il dit : « Le mouvement dont on a beaucoup parlé dans ces dernières années et que l’on s’est accoutumé à considérer, sous le nom de panislamisme, tantôt comme un danger, tantôt comme un fantôme, a beaucoup répandu dans les milieux musulmans l’idée d’aplanir les différences de sectes en faveur d’une confédération unitaire. »
Et enfin : « Ce ne sont cependant là que des symptômes isolés, et il est encore très douteux, si l’on considère d’autres phénomènes, que la mentalité qu’ils décèlent doive rallier des milieux plus étendus. »
C’est par ces mots que Goldziher conclut son livre empoisonné sur le dogme et la loi de l’Islam.
Notre homme s’est peut-être fourvoyé dans ses longs développements sur l’Islam, mais il a assez bien décrit la situation actuelle des Musulmans, en particulier les dissensions qui les divisent depuis des siècles !
Ces dissensions, nous souhaitons qu’elles s’estompent et disparaissent à tout jamais, et c’est à cette fin que travaillent les hommes du rapprochement entre les différentes écoles de pensée musulmanes, afin de débarrasser les Musulmans de leurs symptômes et de leurs séquelles.
Traduit de l’arabe du livre de Sheikh Muhammad Al-Ghazâlî, Difâʿ ʿan Al-ʿAqîdah Wash-Sharîʿah didd Matâʿin Al-Mustashriqîn, éditions Nahdat Misr, deuxième édition, janvier 1997.
[1] Sourate 33 intitulée les Coalisés, Al-Ahzâb, verset 40.
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