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Introduction aux sourates du Coran
Section : Sourates 41 à 50

Sourate Hâ-Mîm As-Sajdah (Fussilat)

jeudi 10 mai 2001

Nom

Le nom de cette sourate est composé de deux mots, Hâ Mîm et As-Sajdah. Le premier mot renvoie au fait qu’il s’agit d’une sourate qui commence par les lettres Ha Mîm et le deuxième qu’un de ses versets requiert la sajdah (prosternation).

Période de Révélation

D’après les Traditions authentiques, cette sourate fut révélée après l’attestation de foi de Hamzah et celle de ʿUmar - qu’Allâh les agrée. Muhammad Ibn Ishâq, l’un des premiers biographes du Saint Prophète, relata sur l’autorité de Muhammad Ibn Kaʿb al Quradhî, le fameux Successeur, qu’un jour, certains chefs du clan Quraysh étaient assis en assemblée dans le Masjid al-Harâm, alors que dans un autre coin de la mosquée le Saint Prophète — paix et bénédictions sur lui — était assis seul. A ce moment, Hamzah avait déjà embrassé l’islam et le clan des Quraysh s’affolait du nombre croissant de musulmans. A cette occasion, ʿUtbah Ibn Rabîʿah (le beau-père d’Abû Sufyân) dit aux chefs Quraysh : " Messieurs, si vous le voulez, je peux aller parler à Muhammad — paix et bénédictions sur lui — et lui faire de propositions ; peut-être acceptera-t-il l’une d’elles et arrêtera-t-il de s’opposer à nous."

Ils s’accordèrent tous là-dessus et ʿUtbah alla s’asseoir près de Muhammad - que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui. Quand le Saint Prophète — paix et bénédictions sur lui — se tourna vers lui, il lui dit : " Cher neveu, tu sais que tu jouis d’un haut statut dans la communauté en raison de ton ancienneté et de tes relations familiales, mais tu as causé des problèmes à ton peuple. Tu as créé la division au sein de ses membres et tu les prends pour des idiots. Tu dis du mal de leur religion et de leurs divinités et tu dis des choses comme si tous nos ancêtres étaient des païens. Maintenant écoute les suggestions que je vais te faire. Réfléchis-y bien : peut-être accepteras-tu l’une d’elles." Le Saint Prophète dit : "Abû Al-Walîd, dis ce que tu as à dire et je t’écouterai." Il dit alors : "Cher neveu, si tu fais ce que tu fais pour avoir la richesse, nous te donnerons suffisamment pour que tu sois le plus riche d’entre nous. Si tu veux devenir un homme important, nous ferons de toi notre chef et aucune décision ne sera prise sans toi. Si tu veux être roi, nous t’accepterons comme notre roi. Si tu es possédé par un djinn dont tu n’arrives pas à te débarrasser par ton propre pouvoir, nous ferons appel aux meilleurs médecins et tu seras traité à nos frais."

ʿUtbah continua à parler de la sorte et le Saint Prophète continua à l’écouter en silence. Puis il dit : " Abû Al-Walîd, as-tu dit tout ce que tu avais à dire ?" Il répondit que oui. Le Saint Prophète dit : "Maintenant, écoutes moi." En prononçant Bismillâhi Rahmâni Rahîm (Au Nom de Dieu le Clément le Miséricordieux), il commença à réciter cette sourate et ʿUtbah l’écouta appuyé sur ses mains derrière son dos. Arrivant au verset de la prosternation (verset 38), le Saint Prophète se prosterna ; ensuite il leva la tête et dit : " C’était ma réponse ô Abû Al-Walîd, maintenant agis comme bon te semble." Ensuite, ʿUtbah se leva et retourna vers les chefs. Les gens le voyant arriver de loin dirent : " Par Dieu ! Le visage de ʿUtbah a changé. On ne dirait plus le même homme que celui qui est parti." Quand il revint s’asseoir, les gens dirent : " Qu’as-tu entendu ? " Il répondit : " Par Dieu ! J’ai entendu des choses comme jamais auparavant. Par Dieu, ce n’est pas de la poésie, ni de la sorcellerie, ni de la magie. Ô chefs des Quraysh, écoutez ce que je vous dis et laissez cet homme. Je crois que ce qu’il récite aura son effet. Si les autres arabes le surpassent, vous vous serez épargnés d’avoir lever la main contre votre frère et ce sera aux autres de s’occuper de lui. Mais s’il surmonte l’Arabie, sa souveraineté sera votre souveraineté et son honneur votre honneur." En entendant cela, les chefs s’écrièrent : " Toi aussi, ô père d’Al-Walîd, tu as été ensorcelé par sa langue." ʿUtbah, répondit : " Je vous ai donné mon opinion, maintenant agissez comme bon vous semble. " (Ibn Hishâm, vol. I, pp. 313-314).

Cette histoire a été narrée par plusieurs autres traditionalistes également sous l’autorité de Jâbir Ibn ʿAbdillâh - qu’Allâh l’agrée, avec quelques petites variations dans la formulation. Dans certaines traditions, il a été relaté que quand le Saint Prophète — paix et bénédictions sur lui — arriva au verset 13 de sa récitation, viz. "S’ils se détournent, dis leur : je te mets en garde contre un coup de tonnerre pareil à celui qui a terrassé les ʿÂd et les Tamûd." Spontanément, ʿUtbah mit sa main devant la bouche du Saint Prophète et dit : " Au nom de Dieu, aie pitié de ton peuple". Ensuite, il justifia son action devant les chefs Quraysh ainsi : "Vous savez que tout ce que dit Muhammad se réalise. J’ai craint qu’un tourment ne s’abatte sur nous." (pour davantage de détails, voir Tafsîr Ibn Kathîr, vol. IV, pp. 90-91 ; Al-Bidâyah wan-Nihâyah, vol. III, p. 62).

Thème

Dans le discours révélé par Allâh en réponse à ce que dit ʿUtbah, aucune attention n’a été prêtée aux propositions absurdes que celui-ci avait formulées au Saint Prophète - que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui. Car ce qu’il avait dit était en réalité une attaque contre l’intention du Saint Prophète — paix et bénédictions sur lui — et de son intelligence. Sa supposition était qu’il était impossible qu’il soit Prophète et que le Coran soit la révélation qu’il avait reçue, et qu’inévitablement sa motivation était soit la soif de richesse ou de pouvoir politique soit, qu’Allâh nous pardonne, qu’il avait dû perdre la raison. Dans le premier cas, il voulait négocier avec le Saint Prophète, dans le second, il l’insultait lorsqu’il dit que les chefs Quraysh le soigneraient de sa folie à leurs frais. Évidemment, quand des détracteurs s’abaissent à des choses aussi absurdes, aucun gentleman ne se rabaisserait à leur répondre, mais il les ignorerait et dirait ce que lui-même avait à dire.

Ainsi, ignorant ce que ʿUtbah dit, cette sourate traite de l’antagonisme dont les Quraysh mécréants faisaient preuve de façon bornée et faible pour anéantir
le message du Coran. Ils disaient au Saint Prophète : "Tu peux aussi essayer aussi dur que tu le peux : nous ne t’écouterons pas. Nous avons enveloppé nos cœurs et nous avons bouché nos oreilles. Il y a un mur entre toi et nous, qui nous empêchera à tout jamais de nous rencontrer." Ils exposèrent très clairement leurs intentions : "Tu peux continuer ta mission et inviter les gens à te rejoindre, mais nous continuerons à nous opposer à toi autant que possible pour mettre à mal tes efforts."

A cet effet, ils échafaudèrent le plan suivant : où que le Saint Prophète ou l’un de ses compagnons essayait de réciter le Coran devant une assemblée, ils soulèveraient un tel brouhaha que personne ne pourrait entendre quoique ce soit. Ils essayèrent désespérément de mal interpréter les versets du Coran et de répandre toutes sortes de malentendus parmi les gens. Ils interprétèrent de façon erronée tout et trouvèrent à redire même dans les choses les plus simples. Ils isolèrent les mots et les phrases de leurs contextes, ici et là, et ajoutèrent leurs propres mots afin d’ajouter de nouvelles significations et tromper les gens à propos du Coran et du Messager qui le présentait. Ils soulevèrent des objections curieuses, l’une d’entre elles est mentionnée dans cette Sourate. Ils dirent : "Si un Arabe fait un discours en arabe, où est le miracle ? L’arabe est sa langue maternelle. N’importe qui peut écrire ce qu’il veut dans sa propre langue et ensuite prétendre qu’il l’a reçu de Dieu. On pourrait parler de miracle si la personne se met tout à coup à faire un éloquent discours dans une langue étrangère qu’il ne connaissait pas. C’est seulement dans ce cas qu’on peut parler de révélation de Dieu."

Voici un résumé de ce qui a été répondu à cette opposition sourde et aveugle :

  1. Le Coran est clairement la Parole de Dieu, qu’Il a descendu en Arabe. Les ignorants ne trouvent aucune lumière dans les vérités qui leur sont présentées clairement, seuls ceux qui comprennent voient cette lumière et en profitent. La révélation de la Parole de Dieu pour guider l’homme est certes une preuve claire de la miséricorde de Dieu. Si vous percevez le Coran comme une affliction, c’est pour votre propre malheur. La bonne nouvelle est pour ceux qui en tirent profit et l’avertissement est pour ceux qui s’en détournent.
  2. Si vous avez enveloppé vos cœurs et vous êtes rendus sourds, il n’en incombe pas au Prophète de faire entendre celui qui ne veut pas entendre et de faire
    comprendre de force celui qui ne veut pas comprendre. Il est un homme tout comme vous, il ne peut se faire écouter et comprendre que de ceux qui sont enclins à écouter et comprendre.
  3. Si vous fermez vos yeux, bouchez vos oreilles, enveloppez vos cœurs, il n’en demeure pas moins que votre Dieu est un Dieu Unique, et vous n’êtes le
    serviteur de personne d’autre. Votre entêtement ne peut changer cette réalité en rien. Si vous acceptez cette vérité et corrigez votre comportement dans ce sens, vous ne ferez de bien qu’à vous même et, si vous le rejetez, vous ne faites que préparer votre perte.
  4. Vous rendez-vous compte en Qui vous ne croyez pas et à Qui vous associez d’autres divinités ? C’est grâce à ce Dieu qui a créé cet univers infini, qui est le Créateur de la terre et des cieux, de qui proviennent les bénédictions dont nous jouissons sur la terre et c’est grâce à Ses provisions que vous êtes nourris et soutenus. Vous avez déclaré ces viles créatures comme étant Ses associés, vous êtes appelés à comprendre
    donc la vérité dont vous vous détournez avec entêtement.
  5. Si vous ne croyez toujours pas, alors attendez-vous à un tourment soudain qui vous assaillira, similaire à celui qui a assailli les ʿÂd et les Thamûd, et ce tourment ne sera même pas la punition finale de vos crimes, mais sera en sus de ce qui vous attend dans les flammes de l’Enfer dans l’au delà.
  6. Malheureux est l’homme qui prend pour compagnon Satan parmi les hommes et les djinns, qui lui montre tout en rose et de tournure agréable, qui justifie ses folies, qui ne le laisse pas penser par lui-même ni le laisse écouter les autres. Mais le Jour du Jugement, quand leur perte les rattrapera, chacun d’entre eux dira que s’il pouvait remettre la main sur ceux qui l’avaient trompé et dupé dans le monde, il les piétinerait.
  7. Le Coran est un Livre immuable. Vous ne pouvez pas le mettre en déroute par vos machinations et vos mensonges. Que le mensonge vienne de front ou que l’attaque soit secrète et indirecte, ils ne parviendront pas à le réfuter.
  8. Aujourd’hui, le Coran vous est présenté dans votre propre langue pour que vous puissiez le comprendre, vous dites qu’il doit être envoyé dans une autre langue. Mais si Nous l’avions révélé dans une langue étrangère à votre entendement, vous l’auriez pris pour une plaisanterie comme pour dire : "Quelle chose étrange ! Les arabes sont guidés dans une langue autre que l’arabe et, qui plus est, que personne ne comprend." Cela signifie que vous n’avez en fait aucun désir d’être guidés. Vous inventez toujours plus d’excuses pour ne pas affirmer la foi.
  9. Avez-vous déjà pensé que s’il était établi que le Coran était réellement révélé par Allâh, quelle serait alors votre destinée en le niant et en vous y opposant de façon si véhémente ?
  10. Aujourd’hui vous ne croyez pas mais bientôt vous verrez de vos propres yeux que le message de ce Coran s’est répandu dans le monde entier et que vous-mêmes avez été envahis par lui. Là, vous réaliserez que ce que l’on vous disait était bel et bien la vérité.

En plus de ces réparties, on prêta davantage l’attention aux problèmes auxquels les croyants et le Saint Prophète lui même devaient faire face dans un tel environnement de résistance active. Sans parler de prêcher leur message aux autres, les croyants avaient même des difficultés à suivre le chemin de la Foi. La vie devenait une agonie pour tout nouveau croyant. Ils se sentaient impuissants et sans ressources face à la coalition redoutable des ennemis et de leur pouvoir dévastateur. A ce moment, ils furent consolés et encouragés : "En réalité, vous n’êtes pas impuissants et sans ressources, car quiconque croit en Allâh en tant que Seigneur et adhère à cette croyance et à ce style de vie de façon résolue, les anges d’Allâh descendent sur lui, l’aident et le soutiennent à tous les stades de cette vie ici bas et dans l’au delà."
Ensuite ils furent encouragés par cette consolation : " Le meilleur homme est celui qui fait le bien, qui invite les autres vers Allâh, et proclame fermement qu’il est musulman."

A cette époque, la question qui agaçait le Saint Prophète — paix et bénédictions sur lui — concernait la manière qu’il devait adopter pour prêcher son message alors qu’il devait faire face à d’aussi sévères attaques de tout côté. La solution qui lui fut proposée est : "Bien que ces obstacles semblent insurmontables, les armes que sont la bonne moralité et le bon caractère peuvent briser et mettre à mal les détracteurs. Utilise cette arme patiemment et chaque fois que Satan vous provoque et vous incite à vous détourner, cherche le refuge auprès d’Allâh."

P.-S.

Traduit de l’anglais du site de l’association des étudiants musulmans de l’USC.

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