jeudi 10 mai 2001
Le nom de cette sourate est composé de deux mots, Hâ Mîm et As-Sajdah. Le premier mot renvoie au fait qu’il s’agit d’une sourate qui commence par les lettres Ha Mîm et le deuxième qu’un de ses versets requiert la sajdah (prosternation).
D’après les Traditions authentiques, cette sourate fut révélée après l’attestation de foi de Hamzah et celle de ʿUmar - qu’Allâh les agrée. Muhammad Ibn Ishâq, l’un des premiers biographes du Saint Prophète, relata sur l’autorité de Muhammad Ibn Kaʿb al Quradhî, le fameux Successeur, qu’un jour, certains chefs du clan Quraysh étaient assis en assemblée dans le Masjid al-Harâm, alors que dans un autre coin de la mosquée le Saint Prophète — paix et bénédictions sur lui — était assis seul. A ce moment, Hamzah avait déjà embrassé l’islam et le clan des Quraysh s’affolait du nombre croissant de musulmans. A cette occasion, ʿUtbah Ibn Rabîʿah (le beau-père d’Abû Sufyân) dit aux chefs Quraysh : " Messieurs, si vous le voulez, je peux aller parler à Muhammad — paix et bénédictions sur lui — et lui faire de propositions ; peut-être acceptera-t-il l’une d’elles et arrêtera-t-il de s’opposer à nous."
Ils s’accordèrent tous là-dessus et ʿUtbah alla s’asseoir près de Muhammad - que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui. Quand le Saint Prophète — paix et bénédictions sur lui — se tourna vers lui, il lui dit : " Cher neveu, tu sais que tu jouis d’un haut statut dans la communauté en raison de ton ancienneté et de tes relations familiales, mais tu as causé des problèmes à ton peuple. Tu as créé la division au sein de ses membres et tu les prends pour des idiots. Tu dis du mal de leur religion et de leurs divinités et tu dis des choses comme si tous nos ancêtres étaient des païens. Maintenant écoute les suggestions que je vais te faire. Réfléchis-y bien : peut-être accepteras-tu l’une d’elles." Le Saint Prophète dit : "Abû Al-Walîd, dis ce que tu as à dire et je t’écouterai." Il dit alors : "Cher neveu, si tu fais ce que tu fais pour avoir la richesse, nous te donnerons suffisamment pour que tu sois le plus riche d’entre nous. Si tu veux devenir un homme important, nous ferons de toi notre chef et aucune décision ne sera prise sans toi. Si tu veux être roi, nous t’accepterons comme notre roi. Si tu es possédé par un djinn dont tu n’arrives pas à te débarrasser par ton propre pouvoir, nous ferons appel aux meilleurs médecins et tu seras traité à nos frais."
ʿUtbah continua à parler de la sorte et le Saint Prophète continua à l’écouter en silence. Puis il dit : " Abû Al-Walîd, as-tu dit tout ce que tu avais à dire ?" Il répondit que oui. Le Saint Prophète dit : "Maintenant, écoutes moi." En prononçant Bismillâhi Rahmâni Rahîm (Au Nom de Dieu le Clément le Miséricordieux), il commença à réciter cette sourate et ʿUtbah l’écouta appuyé sur ses mains derrière son dos. Arrivant au verset de la prosternation (verset 38), le Saint Prophète se prosterna ; ensuite il leva la tête et dit : " C’était ma réponse ô Abû Al-Walîd, maintenant agis comme bon te semble." Ensuite, ʿUtbah se leva et retourna vers les chefs. Les gens le voyant arriver de loin dirent : " Par Dieu ! Le visage de ʿUtbah a changé. On ne dirait plus le même homme que celui qui est parti." Quand il revint s’asseoir, les gens dirent : " Qu’as-tu entendu ? " Il répondit : " Par Dieu ! J’ai entendu des choses comme jamais auparavant. Par Dieu, ce n’est pas de la poésie, ni de la sorcellerie, ni de la magie. Ô chefs des Quraysh, écoutez ce que je vous dis et laissez cet homme. Je crois que ce qu’il récite aura son effet. Si les autres arabes le surpassent, vous vous serez épargnés d’avoir lever la main contre votre frère et ce sera aux autres de s’occuper de lui. Mais s’il surmonte l’Arabie, sa souveraineté sera votre souveraineté et son honneur votre honneur." En entendant cela, les chefs s’écrièrent : " Toi aussi, ô père d’Al-Walîd, tu as été ensorcelé par sa langue." ʿUtbah, répondit : " Je vous ai donné mon opinion, maintenant agissez comme bon vous semble. " (Ibn Hishâm, vol. I, pp. 313-314).
Cette histoire a été narrée par plusieurs autres traditionalistes également sous l’autorité de Jâbir Ibn ʿAbdillâh - qu’Allâh l’agrée, avec quelques petites variations dans la formulation. Dans certaines traditions, il a été relaté que quand le Saint Prophète — paix et bénédictions sur lui — arriva au verset 13 de sa récitation, viz. "S’ils se détournent, dis leur : je te mets en garde contre un coup de tonnerre pareil à celui qui a terrassé les ʿÂd et les Tamûd." Spontanément, ʿUtbah mit sa main devant la bouche du Saint Prophète et dit : " Au nom de Dieu, aie pitié de ton peuple". Ensuite, il justifia son action devant les chefs Quraysh ainsi : "Vous savez que tout ce que dit Muhammad se réalise. J’ai craint qu’un tourment ne s’abatte sur nous." (pour davantage de détails, voir Tafsîr Ibn Kathîr, vol. IV, pp. 90-91 ; Al-Bidâyah wan-Nihâyah, vol. III, p. 62).
Dans le discours révélé par Allâh en réponse à ce que dit ʿUtbah, aucune attention n’a été prêtée aux propositions absurdes que celui-ci avait formulées au Saint Prophète - que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui. Car ce qu’il avait dit était en réalité une attaque contre l’intention du Saint Prophète — paix et bénédictions sur lui — et de son intelligence. Sa supposition était qu’il était impossible qu’il soit Prophète et que le Coran soit la révélation qu’il avait reçue, et qu’inévitablement sa motivation était soit la soif de richesse ou de pouvoir politique soit, qu’Allâh nous pardonne, qu’il avait dû perdre la raison. Dans le premier cas, il voulait négocier avec le Saint Prophète, dans le second, il l’insultait lorsqu’il dit que les chefs Quraysh le soigneraient de sa folie à leurs frais. Évidemment, quand des détracteurs s’abaissent à des choses aussi absurdes, aucun gentleman ne se rabaisserait à leur répondre, mais il les ignorerait et dirait ce que lui-même avait à dire.
Ainsi, ignorant ce que ʿUtbah dit, cette sourate traite de l’antagonisme dont les Quraysh mécréants faisaient preuve de façon bornée et faible pour anéantir
le message du Coran. Ils disaient au Saint Prophète : "Tu peux aussi essayer aussi dur que tu le peux : nous ne t’écouterons pas. Nous avons enveloppé nos cœurs et nous avons bouché nos oreilles. Il y a un mur entre toi et nous, qui nous empêchera à tout jamais de nous rencontrer." Ils exposèrent très clairement leurs intentions : "Tu peux continuer ta mission et inviter les gens à te rejoindre, mais nous continuerons à nous opposer à toi autant que possible pour mettre à mal tes efforts."
A cet effet, ils échafaudèrent le plan suivant : où que le Saint Prophète ou l’un de ses compagnons essayait de réciter le Coran devant une assemblée, ils soulèveraient un tel brouhaha que personne ne pourrait entendre quoique ce soit. Ils essayèrent désespérément de mal interpréter les versets du Coran et de répandre toutes sortes de malentendus parmi les gens. Ils interprétèrent de façon erronée tout et trouvèrent à redire même dans les choses les plus simples. Ils isolèrent les mots et les phrases de leurs contextes, ici et là, et ajoutèrent leurs propres mots afin d’ajouter de nouvelles significations et tromper les gens à propos du Coran et du Messager qui le présentait. Ils soulevèrent des objections curieuses, l’une d’entre elles est mentionnée dans cette Sourate. Ils dirent : "Si un Arabe fait un discours en arabe, où est le miracle ? L’arabe est sa langue maternelle. N’importe qui peut écrire ce qu’il veut dans sa propre langue et ensuite prétendre qu’il l’a reçu de Dieu. On pourrait parler de miracle si la personne se met tout à coup à faire un éloquent discours dans une langue étrangère qu’il ne connaissait pas. C’est seulement dans ce cas qu’on peut parler de révélation de Dieu."
Voici un résumé de ce qui a été répondu à cette opposition sourde et aveugle :
En plus de ces réparties, on prêta davantage l’attention aux problèmes auxquels les croyants et le Saint Prophète lui même devaient faire face dans un tel environnement de résistance active. Sans parler de prêcher leur message aux autres, les croyants avaient même des difficultés à suivre le chemin de la Foi. La vie devenait une agonie pour tout nouveau croyant. Ils se sentaient impuissants et sans ressources face à la coalition redoutable des ennemis et de leur pouvoir dévastateur. A ce moment, ils furent consolés et encouragés : "En réalité, vous n’êtes pas impuissants et sans ressources, car quiconque croit en Allâh en tant que Seigneur et adhère à cette croyance et à ce style de vie de façon résolue, les anges d’Allâh descendent sur lui, l’aident et le soutiennent à tous les stades de cette vie ici bas et dans l’au delà."
Ensuite ils furent encouragés par cette consolation : " Le meilleur homme est celui qui fait le bien, qui invite les autres vers Allâh, et proclame fermement qu’il est musulman."
A cette époque, la question qui agaçait le Saint Prophète — paix et bénédictions sur lui — concernait la manière qu’il devait adopter pour prêcher son message alors qu’il devait faire face à d’aussi sévères attaques de tout côté. La solution qui lui fut proposée est : "Bien que ces obstacles semblent insurmontables, les armes que sont la bonne moralité et le bon caractère peuvent briser et mettre à mal les détracteurs. Utilise cette arme patiemment et chaque fois que Satan vous provoque et vous incite à vous détourner, cherche le refuge auprès d’Allâh."
Traduit de l’anglais du site de l’association des étudiants musulmans de l’USC.
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