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Introduction aux sourates du Coran
Section : Sourates 101 à 114

Sourate Al-Fîl (L’Eléphant)

lundi 26 novembre 2001

Nom

La sourate tient son nom de l’expression « ashâb al-fîl » [les gens de l’éléphant] dans le tout premier verset.

Période de Révélation

À l’unanimité, il s’agit d’une Sourate Mecquoise ; et en l’étudiant d’après son contexte historique, il apparaît qu’elle fut nécessairement révélée à la toute première étape de la période Mecquoise.

Contexte Historique

Comme nous l’avons expliqué auparavant dans l’introduction à sourate Al-Burûj, afin de se venger des persécutions subites par les disciples du Prophète Jésus-Christ [Sayyidna ’Îsa] (paix sur lui) à Najrân par Dhû-Nuwwas, un dirigeant Juif du Yémen, le Royaume Chrétien d’Abyssinie envahi alors le Yémen puis y mit fin à l’autorité Himyarite, et c’est à l’an 525 de notre ère que le pays dans son ensemble passa sous le contrôle des Abyssiniens.

À vrai dire, c’est par le biais d’une collaboration entre l’empire Byzantin de Constantinople et le Royaume Abyssinien que tout ceci arriva car en ces temps-là les Abyssiniens ne possédaient guère de flotte navale. Par conséquent, la flotte était fournie par Byzance tandis que l’Abyssinie envoya 70 000 [hommes] parmi ses troupes à son bord navigant sur la Mer Rouge jusqu’au Yémen. Au départ il faut comprendre avant tout que tout ceci ne s’est pas préparé essentiellement pour des motifs religieux, car des facteurs économiques et politiques étaient également en jeu et probablement ils représentaient le véritable motif tandis que la vengeance du sang chrétien n’était qu’un prétexte.

Par la suite, l’empire Byzantin occupa l’Égypte et la Syrie, et il alla jusqu’à tenter de prendre possession du commerce organisé entre l’Afrique Orientale, l’Inde, l’Indonésie, etc... et l’autorité Byzantine : afin de gagner un maximum de profit ils éliminèrent les intermédiaires c’est à dire les Arabes qui contrôlaient le commerce de ces pays durant des siècles. Pour cette perspective, en l’an 24 ou 25 av. J-C, Auguste César envoya une armée massive, sous le commandement de Gallus Aellius, un Général Romain, qui s’installa sur la côte occidentale de l’Arabie pour intercepter et occuper la voie maritime entre l’Arabie du sud et la Syrie.

Mais l’opération butta dans l’accomplissement de son devoir en raison des conditions géographiques extrêmes en Arabie. Après cela, les forces Byzantines emmenèrent leur flotte à l’intérieur de la mer Rouge et mirent fin au commerce des Arabes qui jusque-là ne s’effectuaient que par la mer, du coup, ils n’eurent pour choix que de continuer par la voie terrestre. Pour se saisir de cette route fondamentale, ils avaient conspiré avec les Chrétiens Abyssiniens afin qu’ils les assistent avec leur flotte pour les aider à occuper le Yémen. Cependant, les affirmations des historiens arabes à propos de l’armée Abyssinienne qui avait envahi le Yémen sont différentes. En effet, Hafz Ibn Kathir affirme qu’elle était menée par deux commandants, Aryat et Abrahah, et selon Mohammed Ibn Ishaq, le commandant [de l’armée] était Aryat, alors que Abrahah en faisait juste partie. Mais tous les deux sont unanimes vis à vis de la défaite de Aryat et de Abrahah. Aryat fût tué lors du combat et Abrahah prit possession du pays puis il persuada le roi de le nommer en tant que vice-roi du Yémen.

Dans un autre sens, Les historiens grecs et Syriaque affirment qu’une fois le Yémen avait été conquit, les Abyssiniens ont commencé l’exécution des chefs Yéménites qui avaient comIbné une résistance. L’un de ces chefs nommé As-Sumayfi Ashwa (ou Esympheus d’après les historiens grecques) se livra aux Abyssiniens tout en leur promettant de payer un impôt, fini par obtenir de la part du roi Abyssinien la garantie d’être nommé gouverneur du Yémen. Or l’armée Abyssinienne se révolta contre lui et nomma à sa place Abrahah en qualité de gouverneur.

Cet homme à l’origine esclave d’un marchand grecque du port maritime Abyssinien de Adolis, avait de par son habileté diplomatique réussi à exercer une influence conséquente dans l’armée Abyssinienne qui occupait le Yémen. Les troupes envoyées par les Négus pour le punir ou bien pour le mettre en garde fussent toutes vaincu par lui-même. Par la suite, après la mort du roi, son successeur s’était alors résigné à l’accepter en tant que vice-régent du Yémen (Les historiens Grecques orthographient « Abrames » et les historiens Syriaques « Abraham ». Abrahah peut en fait être une variante Abyssinienne pour « Abraham », car dans sa version Arabe il s’agit de « Ibrahim »).

Petit à petit, cet homme était devenu un dirigeant indépendant au Yémen. Il ne reconnaissait la souveraineté des Négus uniquement que par le nom et il se réclamait comme leur député. L’influence qu’il exerça peut-être appréciée par le fait qu’après la restauration du barrage de Marib en l’an 543 de notre ère, il célébra l’événement en préparant un grand festin, auquel était convié les ambassadeurs de l’empereur Byzantin, le roi d’Iran, le roi de Hirah, et le roi de Ghassan. Ses détails complets sont présentes dans une inscription qu’Abrahah avait monté sur le barrage. D’ailleurs, cette inscription existe toujours et Glaser l’avait même publié. (Pour plus de détails, cf. l’introduction à Sourate Saba).

Après avoir stabilisé son autorité au Yémen, Abrahah orienta alors son attention au tout premier motif de cette campagne amorcée avant l’empire Byzantin et ses alliés, les Chrétiens Abyssiniens, c’est à dire la propagation du Christianisme en Arabie d’une part puis de s’approprier le commerce organisé par les Arabes entre les pays orientaux et l’autorité Byzantine d’autre part. D’ailleurs, sa nécessité s’accentua d’autant plus que la lutte Byzantine contre l’empire Sassanide d’Iran pour le pouvoir avait entravé tout les itinéraires du commerce Byzantin avec l’Orient.

Pour arriver à cette fin, Abrahah construit à Sanʿa, capitale du Yémen, une magnifique cathédrale, que les historiens arabes ont appelé al-Qalis, al-Qullais, ou bien al-Qulais, ce mot étant la traduction Arabe du mot Grecque Ekklesia , une église. Selon Mohammed Ibn Ishaq, après avoir terminer la construction de cet édifice, il écrit aux Négus, disant : « je ne marquerai aucune pause tant que je n’aurai détourné le pèlerinage des Arabes vers cela. » Ibn Khathîr note qu’il avait déclaré ouvertement son intention au Yémen et qu’il l’avait annoncé publiquement.

En réalité, il a voulu provoquer les Arabes à la riposte ce qui lui aurait attribué un prétexte pour s’attaquer à la Mecque et de détruire la Ka’bah. Muhammad Ibn Ishaq raconte qu’un Arabe furieux vis à vis de cette audition publique alla par une manière ou une autre à l’intérieur de la cathédrale et la souilla. Ibn Khatir dit qu’il s’agissait d’un Qurayshite et selon Muqatil Ibn Sulayman, quelques jeunes hommes parmi les Qurayshites mirent le feu à la cathédrale. L’un ou l’autre s’était sans nul doute déroulé dans la mesure où l’audition d’Abrahah était certainement provocatrice et au cours de l’ère pré-islamique il n’était pas impossible qu’un Arabe ou bien un jeune Qurayshite eusse été en colère au point de souiller la cathédrale ou bien d’y mettre le feu.

Néanmoins, il se pourrait aussi qu’Abrahah puisse le commanditer à son propre agent afin de trouver un motif pour envahir la Mecque et par conséquent d’atteindre l’ensemble de ses desseins c’est à dire l’anéantissement des Qurayshs puis l’intimidation des Arabes. Dans tous les cas, quoiqu’il en soit, lorsque Abrahah fût informé que des dévots de la Ka’bah avaient souillé sa cathédrale, il jura qu’il n’aura aucun répit tant qu’il n’aura pas détruit la Ka’bah.

Ainsi, en l’an 570 ou 571 de notre ère, il prit 60 000 troupes et 13 éléphants (9 éléphants selon une autre tradition) et se mit en route pour la Mecque. Sur le chemin, un chef Yéménite, Dhur Nafr de son nom, escorté par une armée Arabe lui résista d’abord mais fût finalement vaincu et même prisonnier. A ce moment-là, dans le pays de Khathʿam il s’était opposé à Nufayl Ibn Habib Al-Karth’am, avec sa tribu, mais à son tour il a été vaincu puis prisonnier mais afin d’avoir la vie sauve il accepta de le servir comme guide au travers du pays Arabe. Lorsqu’il arriva près de Tayf, les Bani Thaqif ont estimé qu’ils n’étaient pas en mesure de résister à une telle force si impressionnante et appréhendant le danger qu’il puisse détruire aussi le temple de leur divinité Lat, leur chef, Masʿûd, accompagné de ses hommes vinrent trouver Abrahah tout en lui expliquant que leur temple n’était pas le celui qu’il était venu détruire.

Le temple qu’il recherchait se trouve à la Mecque et qu’ils lui enverraient un homme pour le guider jusque là-bas. Abrahah accepta l’offre et les Bani Thaqîf envoyèrent alors Abû Righal comme guide. Lorsqu’ils atteignirent al-Mughanas (ou al-Mughammis), une place située à environs 5 kilomètres de la Mecque, Abû Righal mourût et les Arabes lapidèrent sa tombe ; d’ailleurs cette pratique demeure toujours à ce jour. Ils maudirent également les Banî Thaqîf pour avoir coopéré avec les envahisseurs de la Maison d’Allâh simplement pour sauver le temple de Lât.

Selon Muhammad Ibn Ishaq, à partir d’Al-Mughammas Abrahah envoya son avant-garde qui lui rapporta le butin des gens de Tihanah et de Quraysh, parmi lequel se comptait 200 chameaux de Abdul Muttallib, le grand-père du Saint-Messager d’Allâh — paix et bénédictions sur lui —. Puis, il dépêcha un de ses émissaires pour la Mecque porteur du message qu’il n’était pas venu pour attaquer les gens de la Mecque, mais juste pour détruire La Maison (i.e la Ka’bah). Si ils ne manifestent aucune résistance, il n’y aura pas de bain de sang. Egalement, Abrahah informa son émissaire que si les gens de la Mecque désirent négocier ils devront dépêcher auprès de lui leur principal chef. En ce temps là, ce chef était ʿAbd Al-Muttalib. L’émissaire alla à lui et lui adressa donc le message d’Abrahah. ʿAbd Al-Muttalib répondit : « Nous n’avons pas la force pour combattre Abrahah. C’est la Maison d’Allâh. Si Il le souhaite, Il sauvera Sa Maison ».

L’émissaire lui demanda alors de l’accompagner chez Abrahah. Il consentit et alla avec lui voir le roi. A cet époque, ʿAbd Al-Muttalib était un homme très honorable et majestueux que lorsque Abrahah le vit il fût aussitôt impressionné il quitta son trône et s’essaya auprès de lui sur un tapis. Ensuite il lui demanda ce qu’il voulait. ʿAbd Al-Muttalib répondit qu’il souhaite que le roi lui retourne les chameaux qui lui ont été volé. Abrahah dit : « J’ai été très impressionné quand je t’ai vu mais ta réponse vient de te rabaisser à mes yeux : tu exiges seulement tes chameaux mais tu ne dites pas un mot au sujet de cette Maison qui est ton sanctuaire tout comme le sanctuaire de tes ayeux ». Il répondit : « Je suis le propriétaire de mes chameaux et je te demande de me les rendre. En ce qui concerne la Maison, Elle a Son propre Propriétaire : Il la gardera ». Lorsque Abrahah dit qu’Il ne sera pas en mesure de la garder face à lui, ʿAbd Al-Muttalib répondit que tout ceci restera entre Lui et lui [Abrahah]. De là, ʿAbd Al-Muttalib le quitta et ce dernier lui restitua ses chameaux.

La tradition de Ibn ʿAbbâs n’est pas pareille. En effet, du tout elle ne mentionne la restitution des chameaux. Selon toujours ses traditions rapportées par Abd Ibn Humayd, Ibn al-Mundhir, lbn Mardaweih, Hakim, Abû Nuʿaym et Al-Bayhaqî, il affirma lorsque Abrahah arriva à As-Sifah (un endroit situé entre Arafat et Tayf dans les montagnes près des limites sacrées de la Mecque), ʿAbd Al-Muttalib se dirigea vers lui et dit : « Il n’y avait aucune raison pour toi de venir de si loin. Tu aurais du nous en charger et nous t’aurions apporté ce dont tu voulais. » Il répondit : « J’ai entendu dire qu’il s’agit de la Maison de la clémence : je suis venu pour détruire sa clémence. » Sur ce, ʿAbd Al-Muttalib dit : « C’est la Maison d’Allâh. Il n’a permit à personne d’aller jusqu’à la conquérir. » Abrahah répliqua : « nous ne partirons pas avant que nous ne l’ayons détruite » ʿAbd Al-Muttalib objecta : « Tu peux nous prendre tout ce qui te plaît puis repartir. » Abrahah refusa de céder et ordonna à ses troupes d’avancer, laissant par derrière ʿAbd Al-Muttalib.

En laissant ces deux traditions en tant que telle, une chose par la suite évidente est que les tribus qui vivaient à l’intérieur et en périphérie de la Mecque n’avaient certainement pas la puissance nécessaire pour combattre et de sauver la Ka’aba face une force si impressionnante. Du coup, les Qurayshs n’ont pas cherché à comIbner une quelconque résistante. Par ailleurs, à l’occasion de la Bataille de la Tranchée (ahzab) et en dépit de l’alliance avec les tribus payennes et Juives, les Qurayshs avaient à peine été en mesure de réunir une force évaluée entre dix à douze mille hommes ; manifestement ils n’auraient pas pu résister à une armée forte de 60,000 [hommes].

Muhammad Ibn Ishaq relate qu’après être revenu du camp d’Abrahah, ʿAbd Al-Muttalib ordonna aux Qurayshites de se s’éloigner de la cité et d’aller en compagnie de leur familles vers les montagnes par crainte d’un massacre collectif. Puis il alla à la Kaʿbah accompagné de quelques chefs Qurayshites et prenant à la main l’anneau de fer de la porte, implora Allâh le Tout-Puissant de protéger Sa Maison de même que ses gardiens. A cette époque-là 360 idoles étaient présentes autour et à l’intérieur de la Kaʿbah, or à cet instant critique ils les avaient ignorées et supplièrent uniquement Allâh de les secourir. Leurs supplications retranscrites dans les livres d’histoire ne comprenaient aucun nom, excepté celui d’Allâh, l’Unique. Ibn Hishâm dans son livre [La Vie du Prophète] a cité quelques invocations d’ʿAbd Al-Muttalib, dont la teneur est la suivante :

"Ô Dieu, un homme protège sa maison, donc protége Ta Maison ; ne permet pas à leur incursion ainsi qu’à leur ruse de triompher de Ta ruse demain. Si Tu envisages de les laisser et par conséquent leur laisser notre qiblah, Tu auras agit selon ta Volonté." A ce propos, Suhaill dans son Raud Al-Unuf a aussi cité cette invocation : "Assistes aujourd’hui Tes dévots contre les dévots de l’incursion et ses fidèles." De son côté, Ibn Jarîr a également cité les invocations récitées par ʿAbd Al-Muttalib dans sa supplication : « mon Seigneur, je n’ai de chères espoirs envers quiconque excepté de Toi. Ô mon Seigneur, protége Ta Maison d’eux. L’ennemi de cette Maison est Ton ennemi. Arrête-les dans la destruction de Ton établissement. »

Après avoir récité ces supplications ʿAbd Al-Muttalib et ses compagnons s’en allèrent à leur tour vers les montagnes. Le lendemain matin Abrahah était disposé à entrer à la Mecque, or son éléphant particulier, Mahmud, qui était aux avant postes, s’agenouilla. Bien qu’il fût battu par des barres de fer, aiguillonné, et même scarifié, il ne se leva point. Lorsqu’ils l’orientaient vers le sud, le nord, ou bien l’est, il chargea immédiatement, or une fois orienté vers La Mecque, il s’agenouilla de nouveau. Pendant ce moment-là, une nuée d’oiseaux surgit et fît pleuvoir sur les troupes des pierres qu’ils portaient à leurs becs et griffes. Ceux qui étaient touchés commençaient à se décomposer. Selon Muhammad Ibn Ishaq et Ikrimah, c’était la variole, qui pour la première fois a été observé en cette année en Arabie.

Ibn ʿAbbâs dit que celui qui était touché par un cailloux, commençait à gratter son corps jusqu’à l’altération de la peau puis une diminution de la chair. Dans une autre tradition selon ʿIbn Abbas la chair et le sang qui coula comme de l’eau ainsi que les os du corps étaient perceptible à l’œil nu. La même chose arriva également à Abrahah. En effet, sa chair tomba en morceaux et sur son corps des trous se produirent dégageant pus et sang. Dans ce chaos ils se retirèrent tous pour regagner le Yémen. Nufayl Ibn Habîb, guide qu’ils avaient ramené du pays de Khatham, avait été retrouvé et prié de les guider afin de retourner au Yémen, mais il refusa en disant : "Maintenant par où quelqu’un peut-il fuir dès lors qu’il est chassé par Dieu ? Le nez fendant (Abrahah) est désormais le conquit, et non le conquérant".

A mesure qu’ils s’échappaient, ils tombaient près de la baie et mourraient. ʿAtâ Ibn Yasâr dit que toutes les troupes n’ont pas péri à cet endroit ; certaines ont péri là-bas même tandis que d’autres ont péri en chemin alors qu’ils s’échappaient. C’est au pays de Khathʿam qu’Abrahah mourut.

Cet événement s’était déroulé à Muhassir dans la vallée de Muhassab, entre Muzdalifah et Mina. Selon le Sahih de Muslim et d’Abû Dâwûd, d’après la description du pèlerinage de l’adieu du Saint Prophète que l’Imam Jafar as-Sadiq à rapporté de son père, l’Imam Muhammad Al-Bâqir, et de lui même de notre maître Jabir Ibn Abdullah, il dit que lorsque le Saint Prophète — paix et bénédictions sur lui — poursuivit sa route de Muzdalifah à Mina, il accéléra le pas dans la vallée de Muhassir. L’imam An-Nawawî expliqua ce fait en disant que l’incident des gens de l’éléphant était arrivé en ce lieu ; de ce fait, les pèlerins sont exhortés de passer rapidement, car Muhassir est un lieu tourmenté. Dans Al-Muwatta’, l’Imam Mâlik a rapporté que le Saint Prophète a dit que Muzdalifah est entièrement une place convenable pour stationner mais il ne faut pas rester dans la vallée de Muhassir. Dans les écrits de Nufayl Ibn Habib, que Ibn Ishaq a cité, il décrit cet événement en tant que témoin oculaire : "Tu aurais vu cela, O Rudaina, mais tu n’as point vu, ce que nous avons vu dans la vallée de Muhassab. J’ai loué Dieu lorsque j’ai vu les oiseaux et je craignais que des pierres puissent nous atteindre. Tous étaient à la recherche de Nufail comme si je possédais une dette envers les Abyssiniens."

C’était un fait si capital qu’aussitôt il se propagea à travers l’Arabie et plusieurs poètes en ont même fait le thème principal de leurs poésies élogieuses. Dans ces poésies une chose complètement évidente est que tout à chacun considère ce fait comme une manifestation du pouvoir miraculeux d’Allâh Le Tout Puissant et personne, même pas par allusion, n’a dit que les idoles jusque-là adorées dans la Ka’bah avaient une quelconque complicité avec cela. Par exemple, Abdullah ibn Az-Zibara dit : "Les soixante mille [hommes] ne sont jamais rentrés chez eux, ni même leur homme mal en point (Abrahah) qui n’a pas survécu au retour. Ad et Jurham étaient là bas avant eux et au-dessus des serviteurs se trouve Allâh, Qui les soutient." Abû Qais Ibn Aslat dit ; "Elève-toi et adore ton Seigneur et désigne les Coins de la Maison d’Allâh située entre les Montagnes de La Mecque et Mina. Lorsque l’assistance du Souverain du Trône était parvenue à toi, Ses armées les ont repoussés de façon à ce qu’ils demeurent allongés dans la poussière, bombardés par des pierres."

Pas seulement que ça, car d’après nos maîtres Umm Hani et Az-Zubayr Ibn Al-ʿAwwâm, le Saint Prophète — paix et bénédictions sur lui — a dit : "Les Qurayshites n’ont adoré personne, excepté Allâh, le Seul et Unique, pendant dix années (et selon d’autres [sources], pendant sept années). La tradition d’Umm Hani fût rapporté par l’Imam Bukhari dans son Târîkh puis par At-Tabarani, Al-Hakim, Ibn Mardaweih ainsi que Al-Bayhaqi dans leurs collections de Hadiths. Le propos de notre maître Zubair a été rapporté par Tabarani, Ibn Marduyah et Ibn Asakir puis il a par la suite été confirmé par le hadîth mursal [1] de notre maître Sa’id Ibn al-Musayyab, que Al-Khatîb Al-Baghdâdî a consigné dans son Târîkh.

Les Arabes décrivent l’année durant laquelle cet événement a eu lieu comme ʿÂm Al-Fîl (l’année de l’éléphant) et c’est aussi en cette année que le Saint Messager d’Allâh — paix et bénédictions sur lui — est né. Les exégètes et les historiens attestent pratiquement tous à l’unanimité, que l’épisode des gens de l’éléphant s’est passé au cours du [mois] Muharram et que le Saint Prophète était né au cours du [mois] Rabiʿ Al-Awwal. Une majorité d’entre eux affirment qu’il a été mit au monde 50 jours après l’épisode de l’éléphant.

Thème et sujets abordés

Si la Sourate Al-Fîl est examinée à l’aune des détails historiques mentionnés ci-dessus, on peut entièrement bien comprendre pourquoi dans cette Sourate rapportée et décrite si brièvement, Allâh inflige Sa punition exclusivement aux gens de l’éléphant. C’était un événement d’une occurrence récente et chaque personne dans La Mecque ainsi qu’en Arabie en était entièrement informés. Les Arabes ont su que le Ka’bah avait été protégé de cette invasion non pas par un quelconque dieu ou déesse, mais par Allâh Lui-même le Tout-puissant. Alors seul Allâh fût été invoqué par les chefs Qurayshites pour le renfort, et pendant près de quelques années les gens de Quraysh impressionnés par cet événement n’avaient adoré personne, excepté Allâh. Par conséquent, il n’y avait aucune utilité à rappeler les détails contenus dans Sourate Al-Fil, mais une simple référence à cette Sourate suffisait pour que les gens de Quraysh, en particulier, et les gens de l’Arabie, en général, considérer parfaitement dans leurs cœurs le message, que le Saint Prophète Muhammad — paix et bénédictions sur lui — avait apporté.

L’essentiel de ce message était qu’ils ne devaient ni adorer et ni servir aucun, hormis Allâh, le Seul et Unique. Par conséquent, ils devaient également être conscients que s’ils emploient la force pour casser cet appel à la vérité, ils appelleraient seulement à la colère de Dieu, Qui avait complètement dérouté et détruit les gens de l’éléphant.

P.-S.

Traduit de l’anglais du site de l’association des étudiants musulmans de l’USC.

Notes

[1On qualifie de mursal, un hadîth où le dernier maillon de la chaîne, c’est-à-dire le compagnon qui le rapporte du Prophète - paix et bénédictions sur lui - est absent.

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