lundi 29 octobre 2001
La Sourate doit son nom à la [19ème] lettre alphabétique - Sâd - par laquelle elle débute.
Comme il le sera développé plus loin, selon certaines traditions la Sourate a été révélée au cours de la période où le Saint Prophète commença à appeler ouvertement les gens de la Mecque à l’Islam, appel qui provoqua une grande frayeur parmi les chefs Qurayshites. S’il est exact, la période de sa révélation serait [fixée] aux alentours de la 4ème année de la Mission Prophétique. Selon certaines autres traditions, la Sourate a été révélée après la conversion à l’Islam de notre maître ’Omar Ibn Al-Khattâb] qui s’était déroulée comme il est tant bien connu après la migration vers l’Abyssinie. Une autre narration montre que l’épisode qui donnerait lieu à la révélation de cette Sourate prit place au moment de la dernière maladie de Abû Talîb. Dans ce cas, s’il est juste, la période de sa révélation serait la 10ème ou la 11ème année de la Mission Prophétique.
Voici une synthèse des traditions rapportées entre autres par les Imams Ahmad, An-Nasâ’î, At-Tirmidhî, Ibn Jarîr, Ibn Abî Shaybah, Ibn Abî Hatim, Muhammad Ibn Ishâq.
Lorsque Abû Talîb tomba malade, et que les chefs Qurayshites ont compris que sa fin était proche, ils ont décidé après délibération d’aborder l’ancien chef à propos du conflit qui les oppose à son Neveu et qu’il devait résoudre. En effet, ils craignaient que, après la mort d’Abû Talîb et face aux rudes épreuves qu’ils feront subir à Muhammad, paix et bénédiction d’Allâh sur lui, les Arabes lesd méprisent en disant : " Ils avaient peur de l’ancien chef aussi longtemps qu’il était en vie ; maintenant qu’il est mort, ils ont commencé à maltraiter son Neveu ".
Au moins 25 des chefs Qurayshites dont Abû Jahl, Abu Sufyân, Umayyah Ibn Khalaf, ʿÂs Ibn Wâ’il, Aswad Ibn Al-Muttalib, ’Uqbah Ibn Abi Mu’ayt, ʿUtbah et Shaïbah partirent chez Abû Talîb. D’abord, comme à l’habitude, ils déposèrent face à lui un ensemble de plaintes à l’encontre du Saint Prophète, puis ajoutèrent : " Nous sommes venus à toi avec le souhait suivant : dis à ton Neveu de nous laisser à notre religion, et nous le laisserons à la sienne. Il pourrait adorer ce qui lui plaira. De cette façon nous ne pourrons plus lui être hostiles, mais il ne devra plus condamner nos dieux ainsi que de tenter de nous exhorter à les abandonner. Voudrais-tu bien lui dire de s’entendre avec nous sur cette condition ? " Abû Talîb appela le Saint Prophète et lui dit : " Cher Neveu, ces gens de ta tribu sont venus à moi avec un souhait. Ils veulent que tu t’arranges avec eux de façon juste afin de mettre un terme à ton conflit avec eux". Puis, il lui dévoila l’objet de la sollicitation des chefs Qurayshites. Le Saint Prophète répliqua : " Cher Oncle : je les solliciterai sur une chose qui, s’ils acceptent, leur permettra de conquérir l’Arabie tout entière ainsi que de soumettre le monde non-Arabe à leur pouvoir. " En écoutant ces propos les chefs étaient d’abord déconcertés ; ils ne savaient pas comment ils refuseraient une telle proposition. Alors, après qu’ils eurent considéré la chose, ils répondirent : " Tu parles d’un mot : nous sommes disposés à en répéter dix autres comme celui-là, mais de grâce dis-nous de quoi il s’agit" et le Saint Prophète de répondre : La ilâha illa Allâh. De là, ils se levèrent tous ensemble et quittèrent le lieu en disant ce que Allah a mentionné dans le prologue de cette Sourate.
Ibn Saʿd dans ses Tabaqât (Classes) a relaté
l’épisode qui vient d’être cité, or, selon lui, le contexte n’était pas au cours de la dernière maladie de Abû Talîb mais au temps où le Saint Prophète a commencé à prêcher ouvertement l’Islam, et les nouvelles sur la conversion de telle personne ou telle autre se répandaient presque quotidiennement à la Mecque. A cette époque, les chefs Qurayshites avaient dépêché plusieurs délégations chez Abû Talîb et lui ont demandé d’empêcher Muhammad — paix et bénédictions sur lui — de prêcher son message. Ça serait avec l’une de ces délégations que ce dialogue a eu lieu.
Az-Zamakhsharî, Ar-Razî, An-Naysabûrî ainsi que certains autres exégètes disent que cette délégation alla chez Abû Tâlib au temps où les chefs de Quraysh avaient été bouleversés par la conversion à l’Islam de notre maître ’Omar, mais aucune référence à son fondement n’est disponible dans un quelconque livre de traditions et les exégètes qui ont rapporté cette opinion n’en ont pas cité la source. Toutefois, s’il est vrai, cela serait compréhensible. En effet, les infidèles Qurayshites étaient déjà embrassés de s’apercevoir que la personne qui s’éleva parmi eux avec le message divin n’a de pareil dans l’ensemble de la tribu, nul ne lui est égal dans sa noblesse, la pureté de son caractère, sa sagesse et son sérieux. De plus, son bras droit et principal défenseur était Abû Bakr qui était bien connu dans la Mecque et ses alentours comme étant un homme doux, juste et brillant. Dès lors qu’ils se sont aperçus qu’à son tour un brave et résolu homme comme ’Omar les avait rejoints, ils ont bien senti que le danger était éminent et qu’il devenait insoutenable.
La Sourate débute avec la rétrospective de ladite rencontre. En prenant pour de départ le débat entre le Saint Prophète et les infidèles, Allah dit que la véritable motivation du refus de ces personnes n’est pas dû à une quelconque imperfection dans le message divin mais à leur propre arrogance, jalousie et insistance à suivre l’égarement. Ils ne sont pas préparés à croire en un homme de leur propre groupe en tant que Prophète de Dieu et à le suivre. Ils veulent persister dans les idées d’ignorances héritées par leurs aïeux. Et lorsque qu’une personne expose cette ignorance et leur présente la vérité, ils en sont alarmés et y voient plutôt une bizarrerie, un conte et une chose impossible. Pour eux, le concept du Tawhid [monothéisme Pur] et l’Au-Delà n’est pas seulement un crédo inacceptable mais également un principe qui méritent seulement d’être ridiculisé et dénigré.
Alors, Allah, à la fois dans le prologue de la Sourate et dans ses derniers versets, a précisément averti les infidèles pour ainsi dire, : " L’homme dont vous rejetez la conduite et qu’aujourd’hui vous essayez de ridiculiser vous vaincra bientôt, et dans cette cité de la Mecque, dans laquelle vous le persécutez, le moment où il sera victorieux n’est plus loin ". Puis, en décrivant, l’un après l’autre, neuf Prophètes, avec l’approfondissement de l’histoire des Prophètes David (Dâwûd) et Salomon (Sulaymân), Allah a mit en évidence le fait que Sa Justice est impartiale et objective, qu’Il n’agrée que la bonne conduite de l’homme, qu’Il demande des comptes et punit chaque malfaiteur, quel qu’il soit, et qu’Il aime seulement les personnes qui ne persistent pas dans la transgression et se repentent aussitôt qu’ils sont avertis, ceux-là qui, dans ce monde, vivent en gardant à l’esprit les comptes qu’ils rendront dans l’Au-Delà. Après cela, le sort que les serviteurs obéissants et les gens désobéissants connaîtront dans l’Au-Delà a été révélé et deux faits ont particulièrement été mis en valeur au sujet des infidèles :
En conclusion, l’histoire de Adam et Iblîs (Satan) a été mentionnée, pour signifier aux infidèles Qurayshites que la même arrogance et vanité qui les empêchaient
à se soumettre face à Muhammad — paix et bénédictions sur lui — à aussi empêcher Iblîs à se soumettre face à Adam. Iblis se sentit jaloux du rang supérieur accordé
par Dieu à Adam et fut maudit lorsqu’il désobéit à Son Ordre. De même, " Vous, O gens de Quraysh, êtes devenus jaloux du rang supérieur que Dieu a accordé à Muhammad — paix et bénédictions sur lui — et n’êtes pas préparés à obéir à celui que Dieu a élu pour Son Message. Par conséquent, vous serez finalement condamnés au même sort qui sera réservé à Satan ".
Traduit de l’anglais du site de l’association des étudiants musulmans de l’USC.
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