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Introduction aux sourates du Coran
Section : Sourates 71 à 80

Sourate Al-Muddaththir (Le Drapé)

samedi 8 septembre 2001

Nom

Le nom de cette sourate provient du mot al-muddaththir ("le drapé") dans le premier verset. Ce nom ne désigne pas pour autant le thème de la Sourate.

Période de révélation

Les sept premiers versets de cette sourate appartiennent à la première époque mecquoise. Même d’après quelques traditions qui furent relatées dans les recueils d’Al-Bukhârî, Muslim, Thirmidi, Musnad Ahmad..etc, d’après notre maître Jâbir Ibn ʿAbdillâh, ces versets sont parmi les premiers versets du Coran à être révélés au Saint Prophète — paix et bénédictions sur lui —. Mais la communauté musulmane est presque unanime sur le fait que le première révélation reçue par le Saint Prophète — paix et bénédictions sur lui — consistait dans les cinq premiers versets de sourate Al-ʿAlaq (96).

Toutefois, ce qui est confirmé par d’authentiques traditions, c’est qu’après la première révélation, aucune autre révélation ne descendit sur le Saint Prophète — paix et bénédictions sur lui — pendant quelques temps. Puis, la reprise commença avec ces versets de sourate Al-Muddaththir. L’imam Az-Zuhrî apporta les détails suivants : "La révélation au Saint Prophète s’arrêta pendant quelques temps, et ce fut une période de grand chagrin pour lui, à tel point qu’il partit tôt vers le sommet de la montagne pour se précipiter du haut. Mais, à chaque fois qu’il se tenait sur le bord du précipice, l’Ange Gabriel apparaissait et lui confirmait qu’il était le Prophète d’Allâh. Ceci le consolait et lui apportait la paix de l’esprit "(Ibn Jâbir).

Ensuite, l’Imâm Az-Zuhrî narre la tradition suivante, selon notre maître Jâbir Ibn ʿAbdillâh : "Le Saint Prophète d ’Allâh, décrivant la période de fatrat al-wahy (interruption de la révélation), dit : "Un jour, alors que je marchais, j’entendis soudainement un appel du Ciel. Je levai ma tête et vis le même Ange qui m’avait rendu visite à la Grotte de Hirâ’, assis sur un trône entre le ciel et la terre. Ceci sema la terreur dans mon cœur, et arrivant à la maison à toute vitesse, je dis : "Drapez-moi, drapez-moi". Ainsi, les gens de la maison me drapèrent d’une couverture (ou un manteau). A ce moment, Allâh envoya la révélation : "Yâ ayyuha-l-muddaththiru" (ô toi qui est drapé)... A partir de ce moment, la révélation s’intensifia et ne cessa plus." (Al-Bukhârî, Muslim, Musnad Ahmad, Ibn Jarîr).

Le reste de la sourate (versets 8 à 56) fut révélé à la première saison du Hadj (pèlerinage), après que le prédication de l’Islam eut commencé publiquement à la Mecque. Cela a bien été décrit par Ibn Hishâm que nous citerons plus loin.

Thème

Comme cela a été expliqué précédemment, la première révélation au Saint Prophète — paix et bénédictions sur lui — consistait en les cinq premiers versets de sourate Al-ʿAlaq, dans laquelle il est dit : "Lis, au nom de ton Seigneur, qui a créé : créé l’homme d’une adhérence. Lis, et ton Seigneur est le Plus Généreux, Il est Celui Qui a enseigné par la plume, Il a enseigné à l’homme ce qu’il ne savait pas."

Cela fut la première expérience de révélation reçue soudainement par le Saint Prophète — paix et bénédictions sur lui —. Dans ce message, nulle mention n’est faite de l’importante mission qui lui sera confiée, ni quels sont les devoirs qu’il aura à remplir dans le futur. Il y est seulement initié, puis laissé seul pour quelques temps afin d’évacuer la grande tension que lui a occasionnée cette expérience, et de se préparer mentalement à recevoir la révélation, et d’accomplir sa mission prophétique dans le futur.

Après cette interruption, quand la révélation reprit, dans les sept premiers versets de la sourate, il lui est ordonné de se lever et d’avertir les gens des conséquences de leurs façons de vivre, ainsi que de proclamer la Magnificence de Dieu dans ce monde ou d’autres sont glorifiés sans droit. Avec cela, il lui est donné cet enseignement : l’exigence de la Mission Unique que tu dois accomplir maintenant, est que ta vie soit pure à tout égard, et que tu fasse ton devoir de réforme de ton peuple sincèrement sans chercher aucun bien terrestre. Puis, dans la dernière phrase, il est exhorté d’endurer patiemment, pour son Seigneur, toutes les difficultés et les peines auxquelles il aura à faire face durant l’accomplissement de sa Mission.

A l’application de ce Commandement Divin, quand le Saint Messager d’Allâh commença à prêcher l’Islam et à réciter les sourates du Coran révélées successivement, le peuple de la Mecque s’alarmèrent, et cela provoqua une tempête d’hostilité et d’opposition. Quelques mois passèrent dans ce même climat, jusqu’à l’approche de la saison du Hadj. Les gens de la Mecque craignirent que Muhammad — paix et bénédictions sur lui — commence à visiter, dans leur lieux de halte, les caravanes des pèlerins qui venaient de toute l’Arabie , et leur récite ces envoûtantes et uniques révélations du Coran lors de leurs assemblées à l’occasion du Hadj, si bien que son Message atteindrait toute l’Arabie, et influencerait d’innombrables personnes.

Ainsi, les chefs de Quraysh tinrent conseil et décidèrent qu’ils devraient commencer une campagne de propagande contre le Saint Prophète — paix et bénédictions sur lui — parmi les pèlerins dés qu’ils arriveraient. Une fois cette décision prise, Al-Walid Ibn al-Mughîrah dit à l’assemblée : "Si vous dites des choses contradictoires à propos de Muhammad — paix et bénédictions sur lui —, nous perdrons toute crédibilité au yeux des gens. C’est pourquoi, mettons-nous d’accord sur une seule chose que nous dirons tous sans nous disputer.

Quelques personnes dirent qu’ils devraient prétendre que Muhammad — paix et bénédictions sur lui — est un voyant. Al-Walîd dit : "Non, par Dieu, ce n’est pas un diseur de bonne aventure. Nous avons déjà vu des diseurs de bonne aventure : ce qu’ils murmurent et ce qu "ils disent n’a aucune ressemblance, de prés ou de loin, avec le Coran ". D’autres dirent : "Alors disons qu’il est possédé ". Al-Walîd dit : "Il n’est pas possédé, nous avons vu des gens mauvais et aliénés : la manière décousue avec laquelle ils parlent, et leur comportements dérangés est connu de tous : qui croirait que ce que Muhammad — paix et bénédictions sur lui — dit est le discours d’un fou ?". Les gens dirent : " Alors disons que c’est un poète ". Al-Walîd dit : "Non, ce n’est pas un poète, nous connaissons la poésie sous toutes ses formes, et ce qu’il présente ne correspond à aucune". Les gens dirent : "Alors c’est un sorcier". Al-Walîd dit : "Ce n’est pas un sorcier non plus, nous avons vu des sorciers, et nous connaissons les méthodes qu’ils adoptent pour leur sorcellerie. Ceci également ne s’applique pas à Muhammad."

Il dit alors : "Peu importe ce que vous direz sur Muhammad, il sera vite su que c’est une fausse accusation. Par Dieu, sa parole est douce, ses racines sont profondes et ses branches sont fructueuses." A ce moment, Abû Jahl, pressant Al-Walîd, dit : "Ton peuple ne sera point satisfait de toi sauf si tu dis quelque chose sur Muhammad." Il dit : "Laissez moi réfléchir un peu". Ainsi, après de longues réflexions et considérations, il dit : "Ce qui se rapproche le plus de la vérité est que vous disiez aux Arabes que c’est un sorcier, qui apporte un message séparant l’homme de son père, de son frère, de sa femme et de ses enfants et de sa famille." Ils furent tous d’accord avec la proposition d’Al-Walîd.

Alors, conformément à ce plan, des hommes de Quraysh se répandirent parmi les pèlerins pendant la saison du Hadj, et les prévinrent tous de la sorcellerie de Muhammad — paix et bénédictions sur lui — et de la division des familles qu’il cause. Mais le résultat du plan des chefs de Quraysh fut de faire connaître le nom du Saint Messager à travers toute l’Arabie.(Ibn Hishâm, p 288-289. Qu’Al-Walîd fit cette proposition suite à l’insistance de Abû Jahl fut relaté par Ibn Jarîr dans son Tafsir selon ʿIkrimah).

Ce fait fut évoqué et commenté dans la seconde section de cette sourate dont le schéma est comme suit :

Dans les versets 8 à 10, ceux qui renient la Vérité sont avertis que le Jour du Jugement, ils récolteront les fruits amers et épineux de ce qu’ils commettent dans l’ici-bas.

Les versets 11 à 26 mentionnent les bienfaits que Dieu a accordés à Al-Walîd Ibn Al-Mughîrah, sans le citer nommément. Puis ils montrent combien grande est la haine qu’il nourit pour la Vérité. Comble de l’ingratitude. A cet égard, le conflit psychologique qui habite son esprit est dépeint. D’une part, il savait pertinemment que la mission du Prophète Muhammad et le Coran sont véridiques, et d’autre part, tenant à son leadership et son rang auprès des siens, il refusa la vérité. Non seulement il s’opposa à la vérité, mais en plus, il tenta de détourner les gens de cet appel, en calomniant la Parole de Dieu - le Coran - qu’il voulait faire passer pour de la magie. Après avoir dévoilé sa mauvaise nature, les versets montrent que malgré ses péchés et ses penchants ignobles, il ose espérer davantage de bienfaits et ambitionne des bénédictions divines ! Mais par ses œuvres ingrates et maléfiques, il ne mérite que l’Enfer, et aucun bienfait supplémentaire ne lui seront accordés.

Dans les versets 27 à 48, les terreurs de l’Enfer sont évoquées ainsi que l’éthique et le comportement des gens qui auront à y séjourner.

Les versets 49 à 53 soulignent la raison pour laquelle les mécréants détestent la vérité. En effet, ils ne redoutent guère le Jour du Jugement : les biens éphémères de l’ici-bas sont leur unique objectif. C’est pourquoi ils fuient le Coran, comme l’âne fuit un lion à sa poursuite. C’est ce qui les mène à exiger des conditions insensées pour adhérer à la foi, et, quand bien même celles-ci seraient réalisées, ils ne pourront effectuer le moindre pas sur le Chemin de la Foi tant qu’ils renient l’au-delà.

En conclusion, il a été explicitement affirmé qu’Allâh n’a besoin de la foi de quiconque et encore moins de concéder quoique ce soit pour obtenir cette foi. Le Coran est un avertissement présenté aux gens ouvertement, l’accepte qui voudra. Allâh a un droit sur les gens, qu’ils craignent Sa désobéissance, et Lui seul a le pouvoir de pardonner à celui qui adopte la piété et observe Dieu, même s’il a par le passé commis des actes de désobéissance.

P.-S.

Traduit de l’anglais du site de l’association des étudiants musulmans de l’USC.

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