samedi 28 juillet 2001
Cette sourate tire son nom du mot nasr cité dans le premier verset.
Notre maître ʿAbd Allâh Ibn ʿAbbâs déclare qu’il s’agit là de la dernière sourate du Coran à être révélée, c’est-à-dire qu’aucune autre sourate complète/entière n’a plus été envoyée au Saint Prophète après cela. (rapporté par Muslim, An-Nasâ’î, At-Tabarânî, Ibn Abî Shaybah, Ibn Mardaweih). Selon notre maître ʿAbdullâh Ibn ʿUmar, cette sourate a été révélée à l’occasion du Pèlerinage d’Adieu le jour correspondant au milieu des Journées de Tashrîq à Minâ, et après cela le Saint Prophète — paix et bénédictions sur lui — monta sur sa chamelle et donna son fameux Sermon. (At-Tirmidhî, Al-Bazzâr, Al-Bayhaqî, Ibn Abî Shaybah, ʿAbd Ibn Humayd, Abû Yaʿlâ, Ibn Mardaweih). Dans Kitâb Al-Hajj, Al-Bayhaqî rapporte de la tradition de Sârrah Bint Nabhân - qu’Allâh l’agrée - le sermon que le Saint Prophète — paix et bénédictions sur lui — donna à cette occasion. Elle dit : "Lors du Pèlerinage d’Adieu, j’ai entendu le Saint Prophète — paix et bénédictions sur lui — dire : "O gens, savez-vous quel jour nous sommes ?" Ils répondirent : "Allah et son Messager savent mieux." Il dit : "C’est le jour du milieu des Journées de Tashrîq." Puis il ajouta : "Savez-vous quel est cet endroit ?" Ils répétèrent : "Allah et son Messager savent mieux." Il leur dit : "Nous sommes à Al-Mashʿar Al-Harâm (le Sanctuaire Sacré)." Puis il ajouta : " Qui sait ? Je ne vous rencontrerai probablement plus ici de nouveau. Prenez garde, n’effusez pas mutuellement votre sang et ne souillez pas votre honneur, jusqu’à ce que vous vous présentiez devant votre Seigneur et Il vous interrogera sur vos actes. Écoutez : Que celui qui est proche transmettre le Message à celui qui est loin. Écoutez : Vous ai-je communiqué le Message ? " Ensuite, lorsque nous retournâmes à Médine, le Saint Prophète — paix et bénédictions sur lui — mourut quelques jours après cela.
Si ces deux traditions sont lues ensemble, il apparaît qu’entre la révélation de la sourate An-Nasr et la mort du Prophète — paix et bénédictions sur lui —, il y avait un intervalle de trois mois et quelques jours car historiquement le même intervalle séparait le Pèlerinage d’Adieu et la mort du Prophète — paix et bénédictions sur lui —.
Ibn ʿAbbâs dit que lorsque cette sourate fut révélée le Saint Prophète disait qu’il était informé de sa mort prochaine et que son heure approchait. (Musnad Ahmad, Ibn Jarîr, Ibn Al-Mundhir, Ibn Mardaweih). D’après les autres traditions rapportées de notre maître ʿAbdullâh Ibn ʿAbbâs, à la révélation de cette sourate, le Saint Prophète comprit qu’Allah l’informait de son départ de ce monde (Musnad Ahmad, Ibn Jarîr, Ibn Abî Hâtim, At-Tabarânî, An-Nasâ’î, Ibn Abî Hâtim, Ibn Mardaweih).
La Mère des Croyants, Omm Habîbah, dit que lorsque cette sourate fut révélée le Saint Prophète disait qu’il quitterait ce monde dans la même année. En entendant cela Fâtimah - qu’Allâh l’agrée - pleura. A cela, il dit : "Parmi ceux de ma famille, tu seras la première à me rejoindre." En entendant cela, elle se mit à rire. (Ibn Abî Hâtim, Ibn Mardaweih) Al-Bayhaqî reprend une tradition de Ibn ʿAbbâs de la même teneur à peu près.
Ibn ʿAbbâs dit : "ʿUmar - qu’Allâh l’agrée - avait l’habitude de m’inviter à son assemblée aux cotés de Compagnons importants plus âgés qui avaient combattus à Badr. Cela ne plaisait pas à certains d’entre eux. Ils se plaignirent disant qu’ils avaient eux aussi des jeunes garçons comme moi. Pourquoi avais-je le privilège d’être invité à m’asseoir dans cette assemblée ? (Imâm Al-Bukhârî et Ibn Jarîr ont souligné que c’était là le propos de notre maître ʿAbd Ar-Rahmân Ibn ʿAwf). ʿUmar - qu’Allâh l’agrée - dit que le garçon que j’étais jouissait de cette position et de cette distinction en raison de mon savoir. Alors, un jour, il invita les Compagnons de Badr et m’appela également pour que je m’asseye avec eux. J’ai compris qu’il m’avait invité à l’assemblée pour prouver son affirmation.
Pendant la conversation, ʿUmar - qu’Allâh l’agrée - demanda aux compagnons de Badr : "Qu’est-ce que vous dites de (la sourate) : "idhâ jâ’a nasrullâhi wal-fath ?". Certains répondirent : "Elle nous incite à louer Allah et à demander Son pardon quand Il nous secourt et que nous atteignons la victoire." Certains dirent qu’elle parlait de la conquête des villes et des forteresses. D’autres restèrent silencieux. Alors, ʿUmar - Allâh l’agrée - demanda : "Ibn ʿAbbâs, penses-tu la même chose ?" Je répondis que non. Alors, il demanda : "Quelle est ton opinion alors ?" J’expliquai que cela faisait référence à la dernière heure du Messager — paix et bénédictions sur lui —. Cette sourate l’informait que l’arrivée du secours d’Allah et l’obtention de la victoire seraient les signes de son heure prochaine. Par conséquent, il se devait de prier Allah et de demander Son Pardon. A cela ʿUmar - qu’Allâhg l’agrée - dit : "Je ne connais que ce que tu as dit." Dans une autre tradition, on rajoute que ʿUmar - qu’Allâh l’agrée - dit aux Compagnons : "Comment pouvez-vous me blâmer quand vous avez vu vous-même pourquoi j’invite ce garçon à se joindre à nous."( Al-Bukhârî, Musnad Ahmad, At-Tirmidhî, Ibn Jarîr, Ibn Mardaweih, Al-Baghawî, Al-Bayhaqî, Ibn Al-Mundhir).
Comme le montrent les traditions ci-dessus, à travers cette sourate Allah avait informé Son Messager — paix et bénédictions sur lui — que lorsque l’Islam aurait atteint une complète victoire en Arabie et que les gens commenceraient à entrer dans la religion d’Allah en nombres importants, cela voudrait alors dire que la mission pour laquelle il a été envoyé dans ce monde aura été accomplie. Puis, Allah lui recommande de se consacrer à Le louer et Le glorifier, car c’est grâce à la bonté d’Allah qu’il a été capable d’accomplir cette tâche énorme et il devrait implorer Son pardon pour tout échec et toute faiblesse qu’il aurait pu montrer dans l’accomplissement de sa mission.
Ici, par cette petite considération, on peut facilement voir la grande différence qu’il y a entre un Prophète et un quelconque dirigeant sur terre. Si, au cours de sa vie, un leader est capable de créer une révolution qui fait l’objet de sa lutte, ce serait l’occasion de jubiler pour lui. Mais, dans le cas du Prophète, nous assistons à un phénomène tout autre. Le Messager d’Allah en l’espace de 23 petites années, révolutionna une nation entière qu’il s’agisse de ses croyances, ses pensées, ses coutumes, sa morale, sa civilisation, ses modes de vie, son économie, sa politique, ou sa capacité de lutte. Il l’éleva de l’état de l’ignorance et de barbarisme et il lui permit de conquérir le monde et de devenir l’une des nations dominantes. Pourtant malgré son succès dans l’accomplissement de sa mission unique, il ne fut pas invité à le célébrer mais plutôt à glorifier, à louer Allah et à prier pour son pardon et il se conforma humblement à ce commandement.
La Mère des Croyants Aïshah dit : "Avant sa mort, le Saint Prophète— paix et bénédictions sur lui — avait l’habitude de dire souvent : Subhânak Allâhumma wa bihamdika astaghfiruka wa atûbu ilayka (Dieu, Gloire et Louange à Toi, j’implore Ton pardon et je me repens à Toi) ; selon d’autres traditions : Subhân Allâhi wa bihamdihi astaghfirullâha wa atûbu ilayhi (Gloire et Louanges à Dieu, j’implore Son pardon et je me repens à Lui). Je demandais : O Messager d’Allah, quels sont ces nouveaux mots que tu répètes ? Il répondit : On m’a indiqué un signe qui quand je le verrais, je devrais répéter ces mots et ce signe est : idhâ jâ’a nasrullâhi wal-fath. " (Musnad Ahmad, Muslim, Ibn Jarîr, Ibn al-Mundhir, Ibn Mardaweih). Dans d’autres traditions sur le même sujet, Aïshah - qu’Allâh l’agrée - narre que le Saint Prophète répétait souvent les paroles suivantes dans son inclinaison (rukû ʿ) et sa prosternation (sujûd) : Subhânak Allâhumma wa bihamdika, Allahumma-ghfirlî (Dieu, Gloire et Louange à Toi, accorde moi Ton pardon). Telle est l’interprétation du Coran (c’est-à-dire de la sourate An-Nasr) qu’il avait faite. (Al-Bukhârî, Muslim, Abû Dawûd, An-Nasâ’î, Ibn Mâjah, Ibn Jarîr).
La Mère des Croyants Omm Salamah narre que, pendant ses derniers jours, le Saint Prophète — paix et bénédictions sur lui — répétait souvent les paroles suivantes quand il était assis, quand il était debout, quand il sortait de la maison et quand il y revenait : Subhân Allâhi wa bihamdihi. Un jour, je lui ai demandé : " Pourquoi répètes-tu ces paroles si souvent, ô Messager d’Allah ? " Il répondit : "On m’a enjoint de le faire." Puis il récita cette sourate. (Ibn Jarîr).
Selon notre maître ʿAbdullâh Ibn Masʿûd, quand cette sourate fut révélée, le Messager d’Allah — paix et bénédictions sur lui — se mit à réciter souvent les mots : Subhânak Allâhumma wa bihamdika, Allahumma-ghfirlî subhânaka Rabbanâ wa bihamdika, Allahumma-ghfirlî, innaka anta at-tawwâb ul-ghafûr.(Ibn Jarîr, Musnad Ahmad, Ibn Abî -Hâtim).
Ibn ʿAbbâs déclara qu’après la révélation de cette sourate le Saint Prophète — paix et bénédictions sur lui — se mit à œuvrer avec ardeur et dévouement pour la vie dans l’Au-delà, comme il ne l’avait jamais fait auparavant.
Traduit de l’anglais du site de l’association des étudiants musulmans de l’USC.
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