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Introduction aux sourates du Coran
Section : Sourates 51 à 60

Sourate An-Najm (L’Étoile)

jeudi 14 février 2002

Nom

La sourate prend son nom du premier mot, an-najm i.e. l’étoile. Toutefois, le titre ne fait pas référence au sujet traité, mais tient lieu uniquement de symbole.

Période de Révélation

Selon une tradition rapportée par Al-Bukhârî, Muslim, Abû Dâwûd et An-Nasâ’î, d’après notre maître ʿAbdullah Ibn Masʿûd, cette sourate fut la première sourate révélée requerrant l’accomplissement de la sajdah (prosternation). Un hadith rapporté par Al-Aswad Ibn Yazîd, Abû Ishâq et Az-Zubayr Ibn Muʿâwiyah selon notre maître Ibn Masʿûd indique également qu’il s’agissait de la première sourate récitée publiquement (selon Ibn Mardaweih à la Kaʿbah) par le saint Prophète — paix et bénédictions d’Allâh sur lui. L’assemblée de Quraysh mêlait à la fois croyants et associateurs. Quand il conclut sa récitation avec le dernier verset, le Prophète se prosterna et fut imité par toute l’assemblée, aussi bien les Musulmans que leurs opposants les plus farouches. Ibn Masʿûd — qu’Allâh l’agrée — rapporte qu’il ne vit que Umayyah Ibn Khalaf seulement ne pas se prosterner. Il se contenta de frotter un peu de poussière sur son front sous prétexte que cela suffisait pour lui. Plus tard, Ibn Masʿûd raconte avoir été témoin de la mort de cet homme en état de mécréance.

Notre maître Al-Muttalib Ibn Abî Wada’ah, jusqu’alors non-musulman, avait également assisté à la scène. Selon An-Nasâ’î et Musnad Ahmad, il la dépeignit comme suit : "Lorsque le Prophète termina sa récitation et que lui et toute l’assemblée se furent prosternés, je ne me prosternai pas. Depuis, en compensation, chaque fois que je récite cette sourate,
je m’assure de ne jamais omettre la prosternation."

Ibn Saʿd relate qu’avant cela, au mois de Rajab de l’an 5 de la Prophétie, un petit groupe de compagnons avait émigré vers l’Abyssinie. Cet incident se produisit au mois de Ramadan de la même année. Or, on les informa que le saint Prophète — paix et bénédictions sur lui — avait récité la sourate An-Najm devant une assemblée de Quraysh et que tous s’étaient prosternés avec lui. Les émigrants en déduisirent que les associateurs de la Mecque s’étaient converti à l’Islam. Aussi prirent-ils le chemin du retour vers la Mecque au mois de Shawwâl de l’an 5 de la Prophétie. Ils se rendirent bien vite compte que l’intensité du conflit entre l’Islam et la mécréance n’avait pas faibli. C’est alors que s’organisa la seconde vague d’émigration vers l’Abyssinie. Nous sommes pratiquement sûrs que cette sourate fut révélée au mois de Ramadan de l’an 5 de la Prophétie.

Contexte historique

Pendant les cinq premières années de sa mission, le saint Prophète — paix et bénédictions sur lui — n’invitait à la religion d’Allah qu’au cours de réunions privées en comité restreint. Jusque là, il n’avait pas eu l’occasion de réciter publiquement le Coran, principalement à cause de la féroce opposition des mécréants. Ils savaient, en effet, le magnétisme et le pouvoir de persuasion du saint Prophète — paix et bénédictions sur lui — et combien les Révélations du Coran étaient impressionnantes. Aussi, s’employaient-ils par tous les moyens à ne pas laisser le Prophète — paix et bénédictions sur lui — exposer son message en alimentant toute sorte de suspicion à son sujet. D’une part, ils racontaient que Muhammad — paix et bénédictions sur lui — avait perdu la raison et qu’il ne cherchait qu’à égarer les autres avec lui. D’autre part, ils créaient un brouhaha chaque fois qu’il tentait de présenter le Coran de sorte que personne ne puisse savoir ce pour quoi on le taxait de fou.

Tel était le contexte lorsque le saint Prophète — paix et bénédictions sur lui — s’adressa aux Quraysh dans l’enceinte de la Kaʿbah afin d’exposer la parole d’Allah connue aujourd’hui sous la forme de sourate An-Najm. Dés les premiers mots du saint Prophète — paix et bénédictions sur lui, l’auditoire fut écrasé par l’intensité de ses propos, au point d’oublier de susciter le désordre et de se prosterner avec lui au moment de la conclusion. Plus tard, accablés par le remords, ils regrettèrent leur faiblesse. Ils étaient la risée des gens car, non seulement ils avaient prêté l’oreille au Coran, mais ils s’étaient également prosternés avec Muhammad — paix et bénédictions sur lui —. Afin de mettre un terme à ces railleries, ils inventèrent une histoire. Ils prétendirent : " Lorsqu’il finit de réciter "afara’ayta-l-Lâta wal ʿUzzâ wa Manâta ath-thâlithata al-ukhrâ", nous avons entendu Muhammad dire : "tilk al-gharaniq ul-ʿulâ, wa anna shafa’atahunna laturjâ" (Elles sont vos déesses exaltées, dont l’intercession est espérée) Nous en avons alors conclu que Muhammad était revenu à nos croyances." Étant donné le contexte de cette phrase dans le Coran, seul un simple d’esprit pouvait avoir compris cela. [1]

Sujet et thèmes abordés

La sourate met en garde les incrédules de la Mecque à propos de l’erreur qu’ils commettent en se comportant de la sorte envers le Coran et le Prophète Muhammad — paix et bénédictions sur lui —.

Elle commence ainsi : " Contrairement à ce que vous colportez à son sujet, Muhammad ne se trompe pas et n’emprunte pas une voie mauvaise. Il n’a inventé ni le message de l’Islam ni ses enseignements. En réalité, tout ce dont il vous parle n’est autre que la Révélation. Les vérités qu’il vous présente ne sont pas le fruit de ses conjectures mais des réalités dont il a été témoin. Il a vu effectivement l’Ange qui lui transmet le savoir. Il a pu observer de ses propres yeux les Signes de son seigneur : tout ce qu’il dit, il ne l’invente pas, il l’a vu. Par conséquent, vos contestations et vos querelles sont pareilles à celles d’un aveugle avec un voyant à propos d’une chose que l’aveugle ne peut voir. "

Ensuite, trois points sont présentés successivement :

Premièrement, la sourate fait comprendre à l’auditoire : "Votre religion est basée sur de simples conjectures et des inventions. Vous avez érigé Al-Lât, Manât et Al-ʿUzzâ au rang de divinités, alors qu’elles n’y ont aucune place. Vous dites que les anges sont les filles d’Allah, alors que pour vous, avoir une fille est une honte. Vous pensez que vos déesses peuvent influencer Allah en votre faveur, alors que tous les anges stationnés au plus près d’Allah ne peuvent intercéder en votre faveur auprès de Lui. Pas une de vos croyances ne repose sur le savoir et le raisonnement, mais plutôt sur des aspirations et des désirs. Ainsi vous avez fini par prendre vos caprices pour des réalités. C’est là une grave erreur. La vraie religion est certes conforme à la réalité ; pourtant jamais la réalité ne dépend des passions des gens. La spéculation et la conjecture n’ajoutent rien à la vérité, seul le savoir permet de distinguer la vérité du mensonge. Lorsqu’on vous présente cette connaissance, vous vous en détournez et taxez celui qui dit la vérité d’égaré. Vous vous trompez car vous ne vous souciez pas de l’au-delà. Votre perception se limite à ce monde. C’est pourquoi vous ne souhaitez pas connaître la vérité, ni ne prenez la peine de vérifier si vos croyances sont vraies ou non. "

Deuxièmement, les gens sont informés que : " Allah est le Maître et le Souverain de l’Univers entier. Vertueux est celui qui se soumet à lui et égaré est celui qui dévie de Son chemin. Il sait qui est vertueux et qui est égaré. Il sait parfaitement dans quoi nous œuvrons. Il récompensera le mal par le mal et le bien par le bien. Il ne vous jugera pas sur ce que vous pensez ou prétendez être de pureté et de chasteté mais plutôt sur votre piété et votre droiture. Si vous vous préservez des péchés majeurs, Il sera clément vis-à-vis de vos péchés mineurs. "

Troisièmement, la sourate réitère les principes de base de la Vraie Religion qui avaient été déjà présentés plusieurs siècles avant la Révélation du Coran. Ces vérités fondamentales déjà inscrites dans les Livres des Prophètes Abraham et Moïse infirment l’argument de ceux qui prétendaient que le Prophète Muhammad — paix et bénédictions sur lui — apportait une religion nouvelle. Par ailleurs, ces Livres sont cités afin de confirmer les faits historiques à propos de la destruction des ʿÂd, des Thamûd et des peuples des Prophètes Noë et Lot. Ils ne s’agissaient pas de catastrophes naturelles mais d’une punition d’Allah à l’égard de peuples négateurs, à l’image des associateurs de la Mecque.

La sourate conclut ainsi : " L’Heure inévitable du Jugement approche. Avant qu’elle ne sonne, Muhammad — paix et bénédictions sur lui — et le Coran vous mettent en garde de la même manière que vos prédécesseurs ont été mis en garde. Aujourd’hui, vous trouvez cet avertissement novateur et étrange. Vous vous en moquez, vous vous en détournez et vous empêchez les autres d’entendre ? N’avez-vous donc pas envie de pleurer de votre sottise et de votre ignorance ? Abandonnez cette attitude, prosternez-vous devant Allah et soumettez-vous à Lui seul ! "

Ces pesantes paroles envahirent le cœur des négateurs de la Vérité les plus hargneux au point que tous imitèrent le Prophète — paix et bénédictions sur lui — lorsqu’il se prosterna.

P.-S.

Traduit de l’anglais du site de l’association des étudiants musulmans de l’USC.

Notes

[1En effet, cette histoire est contestée par de nombreux savants du hadîth dont Sheikh Mohammad Abû Shahbah. Ils expliquent d’ailleurs le retour des immigrés d’Abyssinie par la conversion de ʿOmar Ibn Al-Khattâb, un homme puissant et craint dont la conversion renforçait la religion naissante. Ndlr.

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